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GABRIELLE.

Quand tu voudras.

TRISTAN.

Bon ! je cours au château de notre oncle, je réveille en sursaut ; je lui fais ma demande ; demain nous venons te prendre, et dans quinze jours le mariage.

GABRIELLE.

Quand je pense qu’il a fallu te mettre au pied du mur…

TRISTAN, riant.

Oui, à la lettre et au figuré. Ah ! ah ! ah ! J’en rirai longtemps ! (on entend la cloche.) Quelle est cette cloche ?

GABRIELLE.

C’est l’heure du souper.

TRISTAN, l’embrassant.

Bon appétit, Gabrielle !

GABRIELLE.

Bonne chance, Tristan ! Prends garde de te faire mal.

TRISTAN, grimpant sur le mur.

Ne crains rien ! je ne te casserai pas ton mari, (Il est à cheval sur le mur, on entend le chien qui aboie.)

GABRIELLE.

Ah ! mon Dieu ! encore un chien !

TRISTAN.

C’est toujours le même.

GABRIELLE.

Fais-le donc taire.

TRISTAN, au chien.

Mon ami, tout à l’heure tu remplissais un devoir. Maintenant, après ce qui vient d’être conclu, tu ne fais plus qu’une sottise. (Nouveaux aboiements.) Il ne m’entend pas ! Ah ! mes petits pains français… (Il tire de sa poche un sac qu’il jette au chien.) Tiens, Cerbère ! (Le chien se tait. Tristan envoie des baisers à Gabrielle. tout en disparaissant de l’autre côté du mur.) Au revoir, cousine !

GABRIELLE, les lui rendant.

À bientôt, cousin ! (Tristan disparaît complètement. Gabrielle sort par la gauche.)


ÉMILE DE NAJAC