Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 63.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au pouvoir. On ne connaît point encore les raisons qui lui inspirent cette énergique résolution ; mais l’occasion se présentera sans doute prochainement à nous d’examiner avec les développemens convenables la grande question de la réforme parlementaire en Angleterre et la situation que créent aux partis les courans d’opinions qui se sont manifestés dans le débat relatif à la seconde lecture.

E. FORCADE.



ESSAIS ET NOTICES.

LA TRICHINE.


Il y a trente ans qu’un illustre naturaliste anglais, M. Richard Owen, faisait connaître la trichine. Ce ver avait été trouvé chez l’homme dans tous les muscles, non-seulement dans ceux du tronc, de la face et des membres, mais encore dans ceux qui donnent le mouvement à la langue, au larynx, à l’œil, etc. Les recherches les plus minutieuses ne donnèrent aucune notion sur l’origine de ce ver. En peu d’années, un grand nombre d’observations furent recueillies en Allemagne, en Danemark, en Amérique, mais sans dissiper l’obscurité qui couvrait la génération du parasite et sans faire connaître aucun trouble qui pût être attribué à sa présence dans les organes. La trichine fut donc considérée comme une simple curiosité scientifique.

La lumière se fit enfin sur l’origine de cet animal, et l’on reconnut en même temps que son arrivée dans les muscles détermine une maladie douloureuse, quelquefois mortelle, maladie confondue jusqu’alors soit avec le rhumatisme aigu, soit avec les fièvres graves. Bientôt on la vit se produire par épidémie ; alors les populations, les gouvernement s’en préoccupèrent, et l’attention fut universellement appelée sur un mal réputé nouveau. Il ne l’était pas, nous venons de le dire ; la cause seule en était inconnue. Quant au ver qui le détermine, il ne s’est dérobé si longtemps aux regards de l’homme que grâce à sa petitesse microscopique ; d’autres vers de la même classe sont connus depuis les temps les plus reculés, et nous n’avons nulle raison de croire qu’ils aient précédé la trichine dans l’ordre de la création.

La trichine appartient à la classe des vers nématoïdes, c’est-à-dire des vers filiformes. Cette classe, en quelque sorte infime, est plus riche en espèces diverses que les quatre classes des animaux vertébrés prises ensemble. Les vers nématoïdes vivent partout où peut vivre un animal quelconque, dans la mer, dans les rivières, dans la terre, dans les plantes, dans des fleurs et des fruits, et dans tous les organes de presque tous les animaux connus. La trichine est la dernière espèce qui se soit révélée avec