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L’ÉRUPTION DE SANTORIN
ET
LES ILES VOLCANIQUES

Nos volcans méditerranéens semblent être entrés depuis quelque temps dans une phase d’activité nouvelle. Au commencement de 1865, le flanc septentrional de l’Etna s’entr’ouvrait subitement, et vomissait pendant cinq mois des flots de lave avec des torrens de vapeur d’eau et d’autres matières volatiles. À la même époque, le Vésuve présentait une surexcitation extraordinaire, et la matière embrasée montait jusqu’au bord supérieur du cratère, sans toutefois se déverser au dehors. Cette année, l’un des évens secondaires de l’Etna, la salinelle de Paterno, a offert une recrudescence notable de phénomènes volcaniques ; le Vésuve a continué sans interruption à produire d’épaisses fumées accompagnées de détonations ; enfin, au milieu de l’archipel grec, la baie de Santorin, où tout paraissait au repos depuis cent cinquante ans, est devenue tout à coup le siège de manifestations d’une extrême intensité. Au centre de la baie, formée principalement par Santorin, et que complètent les deux îles plus petites de Therasia et d’Aspronisi, s’élèvent trois îlots d’origine volcanique, dont l’apparition remonte à des époques plus ou moins récentes dans les temps historiques. Ces îlots portent le nom de Kameni (brûlées). C’est dans le voisinage de l’un d’eux que se passent aujourd’hui les phénomènes éruptifs qui ont excité à juste titre l’attention des corps savans de l’Europe, et qui ont engagé l’Académie des Sciences à envoyer une commission dont j’ai eu l’honneur de faire partie[1].

  1. Mes collaborateurs ont été MM. Lenormant et Da Corogna ; nous avons en outre été accompagnés pendant la première partie de notre voyage par le savant académicien M. de Verneuil.