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LE
DERNIER AMOUR

TROISIÈME PARTIE[1].



Ce bonheur dura deux ans. Il ne se compléta point pour moi par les joies de la paternité, et à présent, hélas ! je remercie la destinée de m’avoir épargné un terrible sujet de trouble et d’incertitude. Félicie se flattait toujours de devenir mère. Un vieux médecin qui l’avait soignée dès son retour d’Italie, et que je consultai sur son état général, m’apprit que je ne devais pas entretenir de vaines espérances. En même temps il m’engagea à ne pas trop en dissuader ma compagne. — Ce rêve de la maternité, me dit-il, est chez elle une passion. Faites attention au moral ! C’est un esprit fortement trempé ; mais les idées sont fixes, les volontés exaltées, les instincts tenaces, et la force vitale ne répond pas à l’énergie qu’elle dépense. Je me suis étonné de lui voir accepter la mort de son frère. J’aurais cru qu’elle y laisserait là vie ou la raison. À présent je m’explique sa résignation et son courage, elle vous aimait ! Rendez-la toujours heureuse si vous voulez la conserver. Elle ne résisterait pas à un nouveau malheur.

— Croyez-vous donc que la privation de postérité soit pour elle un malheur sans compensation ?

— Elle se soumettra en gardant ses illusions le plus longtemps possible. D’ailleurs ceci est un détail. J’appelle votre attention sur

  1. Voyez la Revue du 1er  et du 15 juillet.