duc Bernard de Saxe-Weimar, son centre à Nicolas de Brahé, la réserve à Kniphausen avec les Écossais d’Henderson; il s’était réservé la droite.
Vêtu d’un justaucorps de buffle, sans cuirasse ni casque, et avec un simple chapeau, la prière achevée, l’ardent monarque courut à cheval de rang en rang, adressant à tous les paroles les plus capables d’enflammer les courages, tandis qu’après avoir donné ses ordres et dit brièvement ce qu’il fallait dire, Wallenstein, « par sa seule présence et la sévérité de son silence, semblait faire entendre à ses soldats de son regard qu’il les récompenserait ou les châtierait, selon qu’ils auraient bien ou mal fait en cette importante occasion[1]. »
Sur un mot du roi, le duc de Saxe-Weimar engagea l’action. Il avait à sa gauche Lützen, occupé par l’ennemi, et en tête une artillerie formidable. Il lui fallut les plus grands efforts pour se soutenir contre elle, et il ne parvint à se délivrer des attaques qui partaient sans cesse de Lützen qu’en mettant le feu au village. Gustave-Adolphe, s’élançant à travers le grand chemin, vint tomber sur l’armée impériale; il s’empara des deux fossés, des nombreux canons qui les défendaient et qu’il tourna sur-le-champ contre les Autrichiens, mit en fuite et dispersa les Croates d’Isolani. Là il s’arrêta, chargea un de ses généraux, le maréchal de Horn, d’achever la déroute de l’aile gauche impériale, et se dirigea au secours du duc de Weimar. Il arrive ainsi devant ces murailles vivantes, les cuirassiers de Piccolomini. Il se jette sur leur première ligne et l’enfonce; mais la seconde fait ferme et donne à la première le temps de se rallier. À cette vue, les Suédois s’arrêtent. Gustave crie au régiment de Steinbock d’avancer et de le suivre; lui-même il se porte en avant, accompagné seulement de quelques domestiques et du jeune duc Albert de Saxe-Lawenburg, personnage équivoque sur lequel pèsent de terribles et vraisemblablement injustes soupçons[2].
En ce moment, dit la tradition la plus accréditée, le roi reçut un coup de mousquet qui lui cassa le bras. On s’écrie autour de lui : Le roi est blessé! De peur que ses soldats ne s’intimident, le roi se faisant violence et tâchant de reprendre le visage riant et serein qu’il gardait dans les plus grands dangers : Ce n’est rien, dit-il, suivez-moi et chargez; mais, se penchant à l’oreille du duc Albert, il lui dit : Mon cousin, j’ai mon compte, tirez-moi d’ici sans qu’on