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nement, et rendront inutile une dépense qui déjà s’élève à 52 millions.

Comme l’eau jusqu’ici coule plus abondamment qu’il n’est nécessaire, les conduits n’ont pas encore été engorgés par ce limon, qui représente en moyenne la centième partie du volume du liquide; mais les besoins s’étendront, il faut donc de toute nécessité rendre l’eau fraîche et potable; enfin il y a péril urgent pour les bassins destinés au filtrage de l’eau, dont plusieurs sont déjà envasés. Après de très nombreux projets, dont quelques-uns comportaient des dépenses considérables, un mémoire de M. Pascal, ingénieur en chef des ports de Marseille, conclut à l’adoption du plan de son collègue M. Pascalis, ingénieur du canal de la Durance. Il s’agit simplement d’opérer l’épuration des eaux en utilisant pour cela les réservoirs d’approvisionnement, qui deviendront en même temps bassins de décantation, et de rendre à la Durance elle-même les dépôts de limon qu’elle aurait introduits dans le canal. Six bassins d’une contenance totale de 6,855,000 mètres cubes et d’une superficie de 938,500 mètres carrés pourraient fournir à la ville 2 millions de mètres cubes d’eau avec un débit de 5 mètres par seconde : c’est un approvisionnement de cinq jours. En fermant la prise de la Durance, on pourrait donc arrêter à volonté la marche des dépôts et nettoyer les bassins. Déjà la moitié de ces dépôts s’arrête au premier bassin situé près de la prise, celui de Ponserot. On le nettoie dès à présent avec une grande facilité grâce à une forte chasse de l’eau. Le surplus du limon, qui a déjà envasé les troisième et quatrième bassins, pourrait être arrêté au second, à celui de Saint-Christophe, si on l’aménageait de façon à rendre la chasse aussi puissante que dans le premier. On rejetterait alors tout le limon dans la Durance, à 600 mètres du bassin de Saint-Christophe; les bassins à la suite se trouveraient préservés, et le cinquième, celui du Réaltor, de 640,000 mètres carrés de surface, que M. de Montricher avait fait sans doute construire pour le filtrage des eaux, fonctionnerait seulement comme bassin d’approvisionnement d’eaux déjà décantées.

À ces travaux de nettoiement du bassin de Saint-Christophe et de consolidation de la digue du Réaltor, dont la dépense est évaluée à 1,100,000 fr., il faut ajouter quelques moyens de filtrage des eaux décantées; en dépensant par exemple 600,000 fr. environ, on doublerait les filtres de Longchamp, et l’on assurerait tout le cube d’eaux pures nécessaire pour l’alimentation de Marseille. Cette solution économique paraît présenter des garanties certaines de succès, et tout porte à croire que l’administration municipale s’empressera de l’adopter.