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dans nos rassemblemens populaires-, les perturbateurs ont eu le mauvais goût de saccager des massifs de fleurs dans les pures; d’honnêtes passans ont été bousculés, et les magistrats de police ont eu à distribuer parmi les nombreux tapageurs amenés devant eux force amendes de 40 shillings ou de 5 livres, avec l’alternative d’une semaine de prison. Les meneurs réformistes se sont heureusement aperçus à temps qu’ils faisaient fausse route. Touchés par l’honnêteté du ministre de l’intérieur, M. Walpole; que le sentiment de sa responsabilité attendrissait jusqu’aux larmes, ils ont travaillé de bonne foi à calmer la tempête qu’ils avaient soulevée. Nous le répétons, le droit de réunion a été maintenu par le gouvernement. A la chambre des lords, lord Shaftesbury a déclaré, avec l’approbation de lord Derby, qu’il présenterait dans la prochaine session une motion engageant l’état à disposer des terrains ou à construire des bâtimens spéciaux, dans lesquels le peuple pût se réunir pour discuter les affaires publiques. Le dessein de lord Shaftesbury est bien plus libéral que le système des rassemblemens en plein air, que M. Bright n’a pas craint de confondre avec un intérêt essentiel de la liberté. Ces démonstrations de force physique n’ont rien de commun avec la liberté populaire. Le plus grand rassemblement de ce genre dont l’histoire d’Angleterre ait gardé la mémoire est l’émeute à la tête de laquelle se mit lord Gordon au siècle dernier, lorsque la populace fanatique voulut punir le parlement d’avoir affranchi de certaines lois pénales les catholiques si longtemps persécutés, et certes ce n’est point la liberté qui peut être fière d’un tel souvenir et d’un tel exemple.


E. FORCADE.



ESSAIS ET NOTICES.

LA FORCE MUSCULAIRE DES INSECTES.

La première idée que nous ayons de la chaleur naît d’une sensation. Les modifications physiques des corps qui nous font éprouver cette sensation nous permettent d’en mesurer la cause par des effets visibles : la colonne liquide du thermomètre monte ou descend lorsque la boule s’échauffe ou se refroidit, et ces oscillations nous retracent les changemens de la température. Il en est à peu près de même de la force; dont la première idée nous vient aussi d’une sensation, de celle que nous éprouvons lorsque nous essayons de déplacer un corps ou d’en arrêter le mouvement. Dans le principe, l’idée de la force est donc dérivée du sentiment de l’effort musculaire. L’analogie des phénomènes extérieurs avec les effets mécaniques que nous pouvons produire à volonté a fait