d’en faire autant sur l’autre. Si les yeux sont comme éblouis de cette chamarrure telle qu’elle est aujourd’hui, que sera-ce lorsqu’on l’aura doublée ! — Voulez-vous donc, va-t-on nous dire, que ce tronçon de façade et de toiture reste éternellement là inachevé, interrompu ? Puisqu’on a commencé, ne faut-il pas finir, au moins jusqu’au pavillon de Bullant ? — Nous savons bien que ce langage a grande chance de réussir. Pour l’honneur des principes, pour établir par un exemple qu’on ne peut engager l’état dans d’onéreuses constructions sans que des plans publiquement débattus aient indiqué d’avance et le caractère du monument et le montant de la dépense, nous souhaiterions que ce bout de façade restât toujours tel qu’il est là, sans faire un pas de plus ; ce serait une preuve parlante de l’efficacité des règles financières, et dans un autre genre un autre moulin de Sans-Souci ; ou bien encore, si cette amorce semblait trop déplaisante, nous aimerions qu’on la fît disparaître en se bornant à rétablir les choses telles qu’elles étaient ; mais c’est trop demander : l’issue la plus probable est qu’on persuadera au corps législatif qu’il faut finir ce qui est commencé. On prolongera donc la splendide façade jusqu’au pavillon de Bullant : seulement, une fois là, ne sera-t-il pas permis d’exiger qu’on s’arrête ?
Nous nous flattons peut-être, mais il nous semble difficile qu’on ne respecte pas les vieilles Tuileries. Ces cinq corps de logis sont de date trop noble et de trop haut renom pour n’avoir pas leur sauvegarde. Ils subiront peut-être un nettoyage, quelques embellissemens de toiture, quelques remaniemens de l’attique dont la toilette peut sembler par trop simple ; mais aller plus avant, réformer les ordres, les profils de Philibert et de Bullant, ravager ces chefs-d’œuvre, on n’oserait. Ce n’est qu’au-delà, à partir de la seconde aile de Leveau, qu’on deviendra plus audacieux. Au nom de la symétrie, on nous persuadera qu’on ne peut laisser tels qu’ils sont ni les pilastres de Leveau, ni le pavillon de Marsan, ni l’aile commencée par Napoléon Ier, continuée par la restauration et achevée sous le présent règne ; qu’il faut nécessairement refaire et reproduire du côté de la rue de Rivoli les constructions de toute forme qui, du côté de la rivière, sont maintenant en cours d’exécution.
Or sait-on bien quel engagement il s’agirait de prendre ? Rien n’est plus compliqué que ces constructions. Il n’y a de clair et d’achevé jusqu’ici que la partie la plus proche du pavillon de Flore ; puis vient l’énorme brèche ouverte l’an passé entre le quai et la place du Carrousel, brèche déjà comblée jusqu’au premier étage, mais dont on ne saurait, à moins de voir les plans, se figurer exactement la partie supérieure. Ce qu’on devine cependant à la seule inspection de toutes ces pierres épannelées, c’est qu’une grande va-