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francs) sur dépôt de fonds publics et sous forme d’escompte, somme qu’on n’avait jamais encore prêtée en un seul jour, et qui, nous le supposons, suffit pour répondre à toutes les exigences, bien que la proportion dans laquelle peuvent y entrer les envois faits en province doive affecter matériellement cette question.

« Nous avons commencé la journée avec une réserve de 5,727,000 livres (environ 144 millions de francs), qui a été si largement mise en réquisition, que nous ne saurions calculer à plus de 3 millions de livres (75 millions de francs) ce qui nous reste ce soir, en faisant la part de nos branches.

« Nous n’avons refusé aucune demande légitime, et bien que la monnaie retirée de la Banque se trouve entièrement enlevée à la circulation, nous n’avons pas lieu de supposer que notre réserve soit insuffisante. »


D’où venait cette fermeté du gouvernement de la Banque et cette confiante hardiesse ? De l’accumulation des dépôts privés, qui abandonnaient les placemens à intérêt élevé, pour se réfugier dans les caves d’une compagnie qui ne leur offrait aucun profit, mais dont le crédit grandissait seul au moment où celui de toutes les autres entreprises chancelait.

Il faut le dire cependant, la plupart des banques de dépôts tenaient tête bravement et efficacement à l’assaut dirigé contre elles. Des paiemens énormes furent effectués avec une rapidité merveilleuse ; les grands établissemens justement entourés de la considération publique ont gagné à cette lutte vaillamment soutenue. Toutes les institutions financières ont subi une épreuve décisive : si les maisons faibles et atteintes d’une maladie latente ont succombé, les maisons solides se sont fortifiées ; hâtons-nous d’ajouter qu’elles ne sont pas les moins nombreuses.

La lettre adressée à M. Gladstone le dit : la réserve du département de la Banque se trouvait réduite à 3 millions de livres (75 millions de francs). En vertu de la séparation du département de l’émission (issue department), doté par l’act de 1844 d’une sécurité absolue, la crise la plus violente ne saurait porter la moindre atteinte au billet de banque. La réserve métallique était au 10 mai de plus de 16 millions de livres (400 millions de francs) ; mais si elle fournissait la démonstration matérielle de la solidité complète de la circulation, si elle mettait hors de toute question le principal élément de la sécurité publique, le medium des transactions et des échanges, elle ne pouvait aider en rien les avances et l’escompte, car elle n’est en aucune manière à la disposition du département de la Banque (banking department), qui doit, avec ses propres ressources, faire face aux exigences des affaires. D’après le principe posé par sir Robert Peel et fermement maintenu par M. Gladstone, autre chose est l’émission des billets faisant office de monnaie, autre chose la gestion des affaires de banque : celle-ci ne s’appuie que