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M. Hubbard ; il déclara qu’il ne comprenait point comment l’état, qui contrôle les pièces d’or, d’argent et de cuivre, qui ont une valeur intrinsèque, abandonnerait à l’autonomie des banques de province, le droit de créer une monnaie de papier qui n’a aucune valeur. M. Blake dénia aux banques la faculté de fabriquer des billets qui circulent comme de la monnaie ; ce n’est pas, dit-il, un acte de commerce. M. Thomson Hankey trouvait la proposition inutile ; il regardait le droit des banques comme périmé depuis 1854, et M. l’alderman Salomons proposa d’exiger partout la garantie que fournit la Banque d’Angleterre, qui dépose une valeur de fonds publics égale à celle des billets émis. M. Cardwell, sir Charles Wood (aujourd’hui lord Halifax), M. Goschen, appuyèrent au contraire la motion comme étant un complément de l’act de 1844. M. Gladstone n’attribuait pas à sa proposition une autre portée ; c’était, disait-il, un bill préparatoire qui laisserait pleine liberté de statuer ensuite sur l’ensemble dans le sens du principe fondamental, si, comme il en exprimait la confiance, ce principe était reconnu juste.

Il serait inutile d’insister davantage sur l’adhésion donnée au principe de l’act avant la dernière crise ; celle-ci lui a-t-elle porté atteinte ? La vigilance de l’intérêt public et la susceptibilité nationale, si vivement réveillées par le run sur l’Angleterre, condamnent-elles la base sur laquelle repose l’organisation de la Banque ? En aucune manière ; on ne veut même discuter que des questions d’application, sans toucher au principe, dont presque tous apprécient la salutaire efficacité.

Une demande d’enquête a été développée par M. Watkin, qui s’est appuyé sur les précédens de 1847 et de 1857 pour dire qu’on avait, à chaque suspension de l’act, recherché les causes de la crise ; un débat approfondi a occupé la séance de la chambre des communes du 31 juillet. M. Watkin a principalement appuyé sur le phénomène nouveau que présentait l’écart énorme et persistant entre le taux de l’escompte à Paris et à Londres, sans se demander si une difficulté entièrement étrangère à l’organisation de la Banque d’Angleterre ne pesait point sur la situation. On aimait mieux laisser dormir son argent que de l’engager dans une affaire quelconque, car l’inquiétude des esprits, troublés par l’émotion de la guerre et par les désastres financiers, avait arrêté court les opérations les plus simples. Une circulaire de lord Clarendon, ministre des affaires étrangères, avait été transmise à toutes les missions anglaises après l’Overend-friday ; elle voulait prévenir une fâcheuse méprise au sujet de la suspension de l’act de 1844 ; les pays habitués à ne voir intervenir les gouvernemens dans les affaires de banque que pour établir le cours forcé pouvaient être induits en erreur au