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quant à l’éloge mérité du conseil de la Banque d’Angleterre, personne ne saurait le taxer d’exagération, alors que l’on connaît MM. Lancelot-Holland, gouverneur, Hunt, sous-gouverneur, Kirkman-Hodgson, Hubbard, Alfred Latham, Thomson-Hankey, Ward-Norman, Grenfeld, et tant d’autres hommes éminens qui le composent. L’un d’eux, M. Hubbard, membre du parlement, a parfaitement exposé l’importance d’un bon système monétaire. — Il a montré combien il était faux de prétendre qu’un taux élevé d’escompte, temporairement perçu, puisse arrêter les opérations bien conduites et enlever le travail aux ouvriers. Cette charge supplémentaire, quelque pénible qu’elle soit, ne saurait exercer, lorsqu’on la réduit à sa juste valeur, une pareille influence ; la plus légère variation dans le prix des matières premières ou de la main-d’œuvre a une bien autre importance. Des abus énormes ont été commis, des plans follement conçus et audacieusement accomplis ont fait le mal que la fermeté de la législation monétaire a seule pu arrêter. Quant à la Banque, jamais elle n’a réuni autant de ressources et n’en a fait un plus libéral usage. Le régime actuel, en donnant une base solide aux opérations et aux crédits ouverts, a fait naître un large système de crédit, bien plus efficace qu’une multiplication périlleuse de billets de banque. L’act de 1844 n’a pas besoin qu’on le défende : il a fondé la sécurité de la circulation en réglant sagement l’émission des billets considérée comme attribut de l’état, et il a établi la liberté des banques la plus complète pour tout ce qui est affaire de banque. Loin de restreindre les moyens d’action de la Banque d’Angleterre, il les a élargis, et il lui permet de soutenir les chocs les plus violens grâce à une solidité éprouvée. L’effet d’apaisement dû à la suspension temporaire de l’act ne se serait pas produit, si le billet de la Banque inspirait une confiance moins absolue. La réserve métallique a été conservée dans une large proportion. Tandis qu’on l’avait vue tomber presqu’à rien en 1825 et à quelques millions en 1839, elle se maintient aujourd’hui à 12 millions de livres et au-dessus. M. Hubbard aurait pu rappeler la déclaration de Tooke, qu’il se réconcilierait avec la limitation imposée par l’act de 1844, si celui-ci donnait une pleine garantie contre toute suspension future du paiement en espèces ; Tooke serait donc pleinement réconcilié aujourd’hui avec la loi qui a définitivement écarté jusqu’à l’appréhension d’une pareille calamité.

Cet important débat s’est terminé par une défense vigoureuse de l’act de 1844, que M. Gladstone a présentée avec son éloquence habituelle. Il a surtout insisté sur ce que le droit d’émission n’appartient qu’à l’état, qui seul peut le déléguer. Le malaise actuel ne frappe que ceux qui ont été coupables d’un entraînement aveugle et malsain, le commerce et l’industrie continuent de prospérer, et la