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Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 65.djvu/252

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REVUE DES DEUX MONDES.

Il n’oserait le dire, car par un aveu maladroit il perdrait la cause réformiste en Angleterre. Au surplus, le suffrage universel réserve parfois aux libéraux de bizarres surprises ; ce suffrage ne rend après tout que ce que la nation enferme en elle, et c’est la condition des peuples de contenir souvent en eux plus de superstitions que de lumières. Si le suffrage universel eût existé en Angleterre au XVIIIe siècle, il se fût, suivant toute vraisemblance, prononcé pour le prétendant plutôt que pour les George. Si M. Bright parvenait à en doter l’Angleterre, il fournirait probablement de nos jours, avec des élections plus troublées, une représentation plus aristocratique que la chambre actuelle.

e. forcade.

ESSAIS ET NOTICES.

RÉUNION ANNUELLE DE L’ASSOCIATION BRITANNIQUE.


Pendant la dernière semaine du mois d’août, l’Association britannique pour l’avancement des sciences a tenu ses assises pour la trente-sixième fois depuis 1831. Comme lieu de réunion, on avait choisi cette année la ville de Nottingham, dont les brasseries ont une réputation méritée, soit dit sans malice. Le choix n’a pas été très heureux, à en croire les journaux anglais qui rendent compte de cette réunion, car les bons habitans de Nottingham, quoique aspirant depuis plus de douze ans à l’honneur de fêter dans leurs murs les délégués scientifiques des trois royaumes, ne paraissaient guère préparés à les recevoir. Ce n’est qu’après de véritables voyages d’exploration à travers les rues et ruelles que les arrivans ont pu découvrir la salle des séances du comité général. Quand ils ont ensuite émis la prétention assez juste de coucher quelque part, ils se sont trouvés en face de bourgeois ahuris qui n’avaient pas l’air de comprendre ce qu’on leur voulait. Rien n’était prêt ; on aurait dit des gens réveillés en sursaut et se frottant les yeux avec humeur. Je ne pense pas que ce tableau de l’accueil que les membres de l’association ont subi à Nottingham soit exagéré ; j’ai vu cette confusion de près en 1862 à Cambridge, où l’association se réunissait cependant pour la troisième fois, où de plus les vastes bâtimens des dix-sept collèges offraient une large et cordiale hospitalité à tous les étrangers dûment recommandés aux gros bonnets de l’université.

Quoi qu’il en soit des plaintes qui se sont fait jour à cette occasion, on peut supposer qu’une fois ces premiers désagrémens d’une installation problématique passés, les réunions des sections (il y en a sept) auront eu lieu dans l’ordre accoutumé et que la session de 1866 n’aura pas été moins profitable à la science que les trente-cinq qui l’ont précédée.