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Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 65.djvu/285

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et du Matto-Grosso, quand, outre son artillerie, il lui faudrait traîner derrière elle les vivres nécessaires. Le président Lopez se chargea lui-même d’aplanir ces difficultés en forçant la république argentine à sortir de la neutralité.

Le prétexte et probablement le véritable but de la guerre entreprise par le président du Paraguay, c’était le maintien contre le Brésil, du gouvernement de Montevideo et la défense de la libre navigation de la Plata. La diversion opérée sur le haut Paraguay n’étant pas de nature à inquiéter assez immédiatement le Brésil pour que son armée abandonnât Montevideo, il fallait se décider soit à diriger une attaque plus directe contre le centre de l’empire, soit à venir combattre les Brésiliens dans la Bande-Orientale. Il était donc indispensable de traverser le territoire argentin. La route du nord-ouest au sud-est longeant le cours du Parana, presque impraticable pour l’armée brésilienne, l’était également pour les Paraguayens. Le président Lopez demanda le 24 janvier 1865 à Buenos-Ayres le passage par le territoire des Missions jusqu’à l’Uruguay. On le lui refusa. Le 18 mars, M. Lopez fit voter par le congrès de l’Assomption la déclaration de guerre à la confédération argentine, et, dès le 14 avril l’avant-garde de l’armée paraguayenne, réunie au nombre de 30,000 hommes environ sur la rive droite du Parana, auprès du confluent de ce fleuve avec le Rio-Paraguay, dans le camp retranché d’Itapiru, passa sur la rive gauche, entra sans coup férir dans Corrientès, tandis que quatre vapeurs paraguayens pénétraient dans le port et y saisissaient deux vapeurs argentins.

La brusque attaque de Corrientès ne causa pas à Buenos-Ayres moins d’émotion que l’invasion du Matto-Grosso n’en avait excité à Rio-Janeiro. Un décret du gouvernement ordonna la mobilisation de vingt-neuf bataillons de gardes nationales, chacun de 500 hommes. Les gouvernemens provinciaux s’empressèrent de donner leur adhésion à cette mesure. Des listes d’engagemens volontaires s’ouvrirent partout. On rappela en toute hâte les troupes de ligne qui garnissaient les frontières, sauf à les remplacer contre les Indiens par des gardes nationales. Les négociations politiques. entamées avec le Brésil et le nouveau gouvernement de Montevideo ayant abouti à un traité d’alliance signé le 1er mai 1865, des négociations ultérieures déterminèrent la quotité du contingent à fournir par chacun des-alliés, et fixèrent le rendez-vous général à la Concordia, village argentin de l’Entre-Rios, situé sur la rive droite de l’Uruguay, à quatre-vingts lieues de l’embouchure. Ce fut sur ce point que les troupes argentines eurent ordre de se diriger à mesure qu’elles se formaient. Les corps brésiliens qui se trouvaient