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Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 65.djvu/29

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lui-même dit dans une inscription sur le temple de Mérodach : « J’ai recouvert le dôme avec de l’or resplendissant comme le soleil levant. J’ai voulu que l’autel de Mérodach, qu’un roi antérieur avait érigé en argent, fût en or pur. La chambre du trésor, resplendissante d’or, je l’ai fait recouvrir de façon qu’elle reproduise les étoiles du firmament[1]. » Les murs des palais de Khorsabad, construits en briques, étaient revêtus au dedans comme au dehors de plaques de gypse jusqu’à une hauteur de trois mètres environ. Au-dessus du gypse, des briques émaillées représentaient une suite de personnages ou d’ornemens. Souvent cette espèce de frise portait une inscription en caractères cunéiformes blancs sur fond bleu ; on rencontre de même dans les monumens persans du moyen âge encore debout des frises portant des inscriptions en lettres kouffiques blanches sur fond d’émail bleu. Il est impossible de ne pas être frappé de la ressemblance de cette ornementation avec celle des antiques débris retrouvés à Khorsabad. A Ninive, la frise était séparée du parement de gypse par un cordon de terre cuite strié, bombé et émaillé en jaune.

Les premières inscriptions, les premiers vestiges retrouvés sur le sol et ayant date certaine, nous font remonter à une antiquité presque fabuleuse. On a exhumé des briques employées par les anciens rois de Chaldée vingt siècles avant notre ère. Une inscription qui date du roi Tiglatpilezar en 1250 avant Jésus-Christ nous apprend qu’il releva un temple bâti 640 ans avant le règne de son père. Les récits des hauts faits de Sardanapale III ont soin de mentionner les constructions importantes exécutées par ce souverain. La fondation d’un palais, d’une simple porte de ville, a pour ces peuples une importance toute particulière. Les textes et les bas-reliefs de Khorsabad, bâtie par Sargon, prédécesseur de Sennachérib, nous en donnent une idée. Sur les tablettes d’or, d’argent, d’antimoine et de cuivre trouvées dans les pierres angulaires des fondations, ou, pour nous servir de l’expression poétique des inscriptions elles-mêmes, dans « les ombres de la terre qui perpétuent et gardent le souvenir, » sont relatés avec le plus grand détail les mesures des terrains et des constructions, les matériaux employés, les escaliers tournant dans l’intérieur des murailles, l’emplacement des chambres voûtées des trésors. « J’ai fait élever six enceintes régulières, dit Nabuchodonosor dans une inscription cunéiforme conservée à Londres, afin de garantir

  1. Cette idée charmante existe encore dans les palais et les bains orientaux. La lumière du ciel n’arrive qu’en passant par des découpures, en forme d’étoiles ménagées dans la voûte sombre qui recouvre la Balle. Cette voûte est ainsi, pour employer l’expression de Victor Hugo, sidéralisée comme les cieux.