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l’observatoire, n’a qu’un seul défaut, c’est qu’elle ne convient pas du tout à l’étude des astres. Aussi a-t-elle été convertie dans ces dernières années en une salle de réception. Là se rassemble une fois par an, le premier samedi de juin, le conseil des visiteurs, board of visitors. Ce conseil fut institué en 1710, sous le règne de la reine Anne, pour diriger vers certains objets les recherches de l’astronome royal, inspecter l’état des instrumens et s’entendre avec les lords de l’amirauté sur tout ce qui regarde l’observatoire. Du temps de Flamsteed, Newton, en sa qualité de président de la Société royale, était à la tête des visiteurs. Cette circonstance déplut à Flamsteed, qui, aigri par de sourdes persécutions, crut voir dans l’intervention d’un corps étranger et surtout dans la surveillance ombrageuse d’un rival une nouvelle infraction de ses privilèges. Aujourd’hui les rapports entre le conseil des visiteurs et l’astronome royal ont un caractère bien différent. Le premier samedi de juin est au contraire un jour de fête, un agréable anniversaire. Toutes les portes s’ouvrent alors pour recevoir le président de la Société royale, le président de la Société astronomique, le professeur d’astronomie à l’université d’Oxford, le professeur d’astronomie et de philosophie expérimentale à l’université de Cambridge, ainsi que d’autres savans, qui, au nombre de seize, composent le board of visitors. On se réunit dans la salle octogone où l’état-major de l’observatoire se tient en quelque sorte sous les armes et où l’astronome royal lit aux visiteurs le rapport scientifique de l’année, écrit et imprimé pour la circonstance[1].

A part ce lien très léger qui rattache le chef de l’institution à la surveillance d’un conseil, il est indépendant, ce qui veut dire en Angleterre responsable. Nommé par le premier lord de la trésorerie, il tient ses pouvoirs du sceau de l’état. Ses honoraires sont fixés à 800 livres sterling (20,000 francs). Un de ses premiers devoirs est de conserver à l’observatoire de Greenwich le caractère qu’a voulu lui imprimer le fondateur. L’astronome royal est tenu par conséquent, d’après les termes mêmes de son mandat, « de s’appliquer avec le plus grand soin à rectifier les tables des mouvemens du ciel et à déterminer la place des étoiles fixes, afin de fournir le moyen de découvrir en mer la longitude si longtemps désirée et de perfectionner ainsi l’art de la navigation. » Il lui faut aussi résider dans l’observatoire, donner tout son temps aux devoirs de sa charge et ne point faire de longues absences sans avoir obtenu, la permission des lords de l’amirauté. Consulté par diverses branches du

  1. Ces Reports of the astronomer royal to the board of visitors, qui s’étendent du 4 juin 1836 au 2 juin 1866, fourniront un jour des élémens précieux pour l’histoire de l’astronomie en Angleterre vers le milieu du XIXe siècle.