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triomphante ne sont guère dissimulées. Entre le jeune roi de Bavière et son vieux ministre M. de Pfordten, un dissentiment vient d’éclater : le ministre émérite se retire. La Bavière est-elle toujours destinée par ses fantasques souverains à vivre dans le milieu des rêves, et doit-elle renoncer à jamais au rôle politique qui lui a été plus d’une fois offert par les circonstances ? Ce qui s’y passe en ce moment a bien l’air d’une abdication définitive. L’Autriche ne montre aucune velléité de reprendre quelque action sur les affaires d’Allemagne. Elle paraît avoir dit adieu pour quelque temps aux jeux de la politique étrangère. Elle conclut des traités de commerce. Elle vient d’en faire un avec la France, lequel, nous l’espérons, ouvre la voie à un arrangement semblable avec l’Angleterre. Elle négocie également une convention commerciale avec la Prusse. Ces combinaisons économiques mettront sûrement en valeur les grandes ressources productrices de l’Autriche. La cour de Vienne se hâtera-t-elle de donner satisfaction à la Hongrie, dont les réclamations ont pris maintenant la forme officielle de l’adresse rédigée par M. Deak ? Il faut souhaiter qu’on ne compromette plus une transaction par des ajournemens et des chicanes. L’Autriche devrait songer à l’Orient ; il se prépare là, au milieu d’élémens corrompus ou aigris par une barbarie invétérée, des désordres et des perturbations sous l’influence des vues et des propagandes de puissances étrangères. Autriche et Hongrie sont également compromises et menacées par cette fermentation de races inquiètes pressées autour d’elles. Le commun péril devrait enfin leur apprendre à chercher le salut commun dans une prompte et franche réconciliation.

E. Forcade.



REVUE MUSICALE.


Nous ne dirons qu’un mot du Freischütz représenté cette semaine au Théâtre-Lyrique-, notre intention étant de parler longuement de Weber à ce sujet, l’exécution et la mise en scène doivent seules nous occuper aujourd’hui. Cela vaut-il mieux que tout ce que nous avions vu et entendu jusqu’à présent ? Nous ne le pensons pas. On nous raconte que c’est plus exact ; nous l’admettrions peut-être en ce qui concerne la pièce de l’ancien Odéon, mais non quant au Freischütz donné à l’Opéra, encore moins s’il faut parler d’une reprise qui eut lieu il y a quelques années à ce même Théâtre-Lyrique et sous une administration alors comme aujourd’hui préoccupée du culte des maîtres et trop intelligente, trop scrupuleuse en matière de textes pour souffrir des interpolations sacrilèges, et pour vouloir montrer à son public des dieux qui n’eussent pas été d’avance complètement échenillés. Ce qui fait le plus grand charme de cette reprise, c’est la restauration