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très longtemps la pose à une heure de la journée où la même opération réussit parfaitement sous nos latitudes boréales. Les mesures de M. Thorpe prouvent cependant que le soleil a réellement une force chimique très supérieure à celle du soleil qui éclaire nos climats ; mais les pluies diluviennes qui inondent ces contrées pendant une partie de l’année ont pour effet d’affaiblir les rayons chimiques dans une proportion très considérable. Pendant les averses causées par les nuées d’orage qui se déchargent sur le pays, l’activité chimique du ciel tombe à zéro ; elle remonte et reprend une valeur normale dès que l’orage s’est dissipé. Sous nos climats, les variations de l’intensité chimique de la lumière sont surtout sensibles d’une saison à l’autre ; depuis le mois de décembre jusqu’au mois de juin, les nombres observés varient dans le rapport de 1 à 20. Tout confirme d’ailleurs ce que nous avons dit de l’indépendance des intensités optique et chimique de la lumière. Très souvent, quand le soleil est bas, l’activité chimique des rayons qu’il nous envoie directement est tout à fait nulle, et l’effet chimique de la lumière totale du jour ne varie pas d’une manière appréciable lorsqu’on écarte le soleil par un écran, et cependant les objets qu’il éclaire projettent une ombre très noire, preuve évidente de l’éclat optique des rayons directs.

En exécutant les travaux que je viens d’analyser très sommairement, MM. Bunsen et Roscoe ont ouvert des voies nouvelles à la météorologie. À ce point de vue, leur mérite ne peut être contesté ; mais il ne faudrait pas croire que les résultats obtenus par ces deux habiles expérimentateurs renferment déjà, même implicitement, la solution de toutes les questions pratiques. En effet, ces résultats ne nous donnent encore qu’une première idée assez vague des variations que la force chimique de la lumière céleste éprouve dans le cours d’une journée, de saison en saison et d’un lieu à l’autre. L’atmosphère n’agit point de la même façon sur toutes les couleurs du spectre ; des rayons d’une coloration chimique différente éprouvant des absorptions très inégales, la répartition des rayons verts, des rayons violets, des rayons gris-lavande ne sera jamais la même à différens momens, et l’intensité relative de ces radiations changera sans cesse avec les circonstances locales. L’humidité de l’air et les poussières invisibles entraînées par les vents doivent exercer sur ces changemens une influence prépondérante. Si on réfléchit à toutes ces circonstance, on comprend qu’il sera nécessaire de faire des recherches relatives aux rayons de telle ou telle espèce avant de pouvoir appliquer ces résultats généraux à des questions pratiques, car les rayons qu’il faut considérer dans les différens cas d’actions chimiques sont loin d’être les mêmes. La liquéfaction du mélange explosif de chlore et d’hydrogène est déterminée principalement par les rayons de l’extrémité violette du spectre, ainsi qu’il résulte d’observations spéciales que MM. Bunsen et Roscoe ont entreprises à ce sujet ; c’est donc l’intensité variable de cette espèce de rayons chimiques qu’ils ont mesurée dans leurs premières recherches. Le chlorure d’argent et en