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L’ANGLETERRE
ET
LA VIE ANGLAISE

XXXII.
LA MARINE BRITANNIQUE[1].
II. — L’AMIRAUTE, LES COAST-GUARDS ET LES DOCKS.

On s’est étonné de l’attitude calme et presque négligente de la Grande-Bretagne au milieu des derniers événemens qui ont remanié la carte de l’Europe. Peut-être serait-il aisé de saisir quelques-unes des causes de son abstention. L’Angleterre se regarde avant tout comme une nation maritime. Son empire n’est point sur la terre, il est sur les eaux, ou du moins c’est au moyen de l’océan qu’elle maintient sa place dans le monde et ses vastes possessions coloniales. Ne touchez point à la mer! voilà certes la devise de sa politique. Que lui fait un agrandissement de territoire pour tel ou tel état du continent? L’idée que la Prusse pourrait à un moment donné se créer une flotte est pour l’Angleterre une bien autre source d’inquiétude. De quel œil jaloux elle regarde aussi de l’autre côté de l’Atlantique les progrès incroyables de la marine des États-Unis ! Cette démocratie américaine qui lui dispute la supériorité sur le champ des batailles navales occupe bien plus les hommes d’état de la Grande-Bretagne que des victoires destinées à déplacer sur terre la limite des empires.

  1. Voyez la Revue du 15 octobre.