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cherté de l’argent et même de crise, le taux moyen de l’escompte a été de 7 1/3 en Angleterre et de 6 1/2 en France. Une différence à peu près identique a eu lieu encore l’année dernière, 4 1/2 en Angleterre et 3 1/2 en France.

Nous ne connaissons qu’une raison sérieuse pour le maintien de l’act de 1844 en Angleterre, c’est la pluralité des banques d’émission qui existe encore dans ce pays. Avec une seule banque d’émission placée sous le contrôle du gouvernement et obligée de publier chaque semaine des états de situation, il est difficile d’augmenter la circulation fiduciaire au-delà de ce qu’elle doit être régulièrement pour exister dans des conditions saines ; mais il n’en est pas de même lorsqu’on se trouve en face de plusieurs banques : on a vu autrefois les banques locales de l’Angleterre, qui n’étaient pas soumises au même contrôle ni gênées par la même responsabilité que la banque principale, augmenter leur émission à mesure que celle-ci diminuait la sienne ; le même danger pourrait se produire encore. On comprend qu’on s’en soit préoccupé, et qu’on ait appliqué à toutes les banques une espèce de transaction avec le système de l’unité que nous regardons comme le véritable principe en fait d’émission ; mais l’act de 1844 à notre avis ne peut être un principe destiné à régir la circulation fiduciaire.

Du reste les inconvéniens de cet act ont été tellement sentis lors de la dernière crise, on a tellement vu l’insuffisance de la circulation fiduciaire de la Banque d’Angleterre en présence du discrédit qui avait atteint tous les autres moyens de circulation, que des esprits éminens de l’autre côté du détroit se préoccupent de la nécessité de modifier cet état de choses. Ils voudraient que la Banque d’Angleterre eût dans de certains cas et à de certaines conditions la faculté de sortir des limites posées par cet net, que cela fut écrit dans une loi au lieu de résulter de l’intervention du gouvernement.

J’avoue que je ne comprends pas bien les avantages de cette réforme ; si on autorise la Banque d’Angleterre à s’affranchir de l’act dans certains cas et à certaines conditions, ce sera encore la loi qui réglera des choses qui peuvent être difficilement réglées par elle, et qui doivent être laissées à l’appréciation des directeurs et du public. Arbitraire pour arbitraire, j’aime autant l’obligation où est aujourd’hui la Banque de recourir à l’intervention du gouvernement lorsqu’elle veut suspendre temporairement les effets de l’act que la faculté qu’elle aurait de le faire en vertu d’une loi qui poserait d’avance des conditions inflexibles. Après tout, le gouvernement apprécie la situation et agit en conséquence. Il accorde ou refuse la faculté qu’on lui demande, tandis qu’avec une loi il n’y aurait pas d’appréciation possible. Il faudrait agir selon les prescriptions,