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Page:Revue des Deux Mondes - 1866 - tome 66.djvu/628

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L’ELOQUENCE
ET
LA LIBERTÉ


I.

L’éloquence est une production spontanée de la race aryenne[1]. Ce n’est pas qu’il ne se soit rencontré chez aucune autre race d’hommes des personnes que les circonstances aient quelquefois passionnées au point de les faire parler avec véhémence : on peut citer par exemple chez les Sémites les paroles bien connues de Samuel faisant aux Juifs le portrait anticipé du roi qu’ils demandaient; mais l’art de composer un discours appartient, comme tout ce qui suppose une forme idéale, à la seule race des Aryens. On ne trouve nulle part ailleurs un discours bien fait, ni à plus forte raison un genre littéraire ayant eu une durée historique et où l’on voie l’art de la parole sortant de rien, grandissant peu à peu, obéissant enfin à la loi qui fait succéder un déclin plus ou moins rapide à la perfection, puis disparaissant avec les années. Cet art se trouve au contraire, à des degrés divers, chez la plupart des peuples de notre

  1. Nos lecteurs savent que sous le nom d’Aryens on désigne un grand peuple, rassemblé primitivement dans les pays appelés plus tard Bactriane, Sogdiane et Arie. Ce peuple se divisa de bonne heure en plusieurs fractions, dont deux se répandirent dans l’Inde et sur le plateau de l’Iran, tandis que d’autres s’avançaient vers l’Occident et pénétraient successivement en Europe. Les Aryens sont considérés comme la souche commune des nations indo-européennes, Perses, Grecs, Romains, Celtes, Germains et Slaves. Voyez, pour plus de détails, un grand nombre de travaux insérés dans la Revue, entre autres un article de M. Th. Pavie, 1er mai 1856, et un autre de M. Albert Réville, 1er février 1864.