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qu’on traverse, à en préparer à l’avance la distribution, qui peut, grâce à ce système, s’effectuer aussitôt après la remise des dépêches. Chaque jour, vingt autres bureaux ambulans arrivent à Paris, chargés des nombreuses correspondances qui y affluent de toutes parts. De plus chaque train de petite, de moyenne, de grande vitesse, reçoit des courriers chargés de convoyer, distribuer, recevoir les correspondances qui ont été jetées à la poste après le départ de l’ambulant. On peut affirmer avec certitude que les 43,000 boîtes aux lettres qui sont dispersées sur le territoire de la France sont remplies, vidées, visitées plusieurs fois par jour. On est effrayé quand on pense à la longueur du chemin que la poste aux lettres fait dans notre pays. Annuellement elle franchit sur les chemins de fer 27,730,000 kilomètres et 51,700,000 sur les routes de grande et de petite vicinalité. Quelque remarquable que soit ce service, il ne pourra que s’améliorer encore par l’ouverture de nouvelles voies ferrées, et bientôt sans doute on arrivera à un parcours de 100 millions de kilomètres par an.

Chacun a pu, sur les chemins de fer, remarquer ces vastes et spacieux wagons qui portent un numéro d’ordre et le mot allège écrit en gros caractères. Ce sont les bureaux ambulans, et ces bureaux sont véritablement les annexes mobiles de l’administration centrale. Le travail y est incessant; à chaque station, on reçoit autant de dépêches qu’on en délivre; il faut recommencer le triage, classer de nouveau toutes les lettres, tous les paquets destinés aux localités desservies par le railway, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on soit parvenu au terme du voyage. Lorsqu’on remonte vers Paris, la même besogne recommence, s’activant au fur et à mesure qu’on approche, — besogne fatigante, exigeant une rapidité de main extraordinaire, énervant les plus robustes, et rendue souvent très pénible par la trépidation incessante d’un train lancé à toute vitesse. La poste ressemble fort au tonneau des Danaïdes; le labeur y est excessif, incessant, et il faut toujours le recommencer. Malgré le dévouement des employés, leur extrême habileté et l’espèce d’ardeur fébrile qui est nécessairement devenue pour eux une seconde nature, c’est tout ce qu’ils peuvent faire que d’accomplir régulièrement la tâche énorme dont ils sont responsables. Pendant l’année 1865, la poste française a transporté 700,444,676 objets, qui tous ont été réglementairement manipulés par plusieurs agens, et dont beaucoup, tels que les chargemens ou les mandats d’articles d’argent, ont exigé plusieurs mesures de contrôle et d’enregistrement. On ne saurait imaginer quelles précautions minutieuses prend l’administration des postes pour assurer la remise des objets qu’elle transporte. Ainsi par exemple