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Les verts atomes de la sève
Fermentaient dans le jour vermeil...
La morte dormait son sommeil,
Ce sommeil qui n’a pas de rêve.

Dans l’abîme de son repos.
Elle paraissait consternée
D’entendre dans la cheminée
Gazouiller les petits oiseaux.

O vie implacable et sacrée
Qui ne connaît ni paix, ni deuil!
Egoïsme de ce qui crée!
La vie envahissait ce seuil.

Du rayon furtif couleur d’ambre
Rayait le sol mystérieux,
Et le liseron curieux
Se glissait du toit dans la chambre.

Parfums, ardeurs, frémissement!
La nature folle et navrante
S’étalait là cyniquement
Dans son ivresse indifférente.

De partout, de près et de loin,
La joie, en vagues étouffées.
Venait caresser par bouffées
Ce vieux cadavre dans ce coin.

Et déjà visible et féconde
Coulait sur ce reste pâli
L’action rapide, — cette onde
Dont chaque flot s’appelle oubli.


CELLES-LA.

I.


Le sais-tu seulement ce qu’elle est devenue
Celle qui vint s’offrir à tes premiers baisers.
Celle qui vit rougir en ton âme ingénue
L’aube de ces désirs aujourd’hui méprisés?
Inconnue,
Elle est allée où vont tous ces amours brisés.