Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 67.djvu/578

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux héritiers : « Au lieu, par exemple, de versemens annuels de 2,490 francs que votre auteur à l’âge de trente ans a souscrits pour un capital de 100,000 francs payables à son décès, je considère les sommes de 2,490 fr. payée par lui tant de fois comme autant de primes uniques correspondant au capital que chacune de ces primes représentait aux différens âges où l’assuré les a payées : ce capital vous est donc acquis. » Mais plus souvent encore l’assuré, quand il arrête ses versemens annuels, cherche à retirer une rémunération du passé. La compagnie lui rendra-t-elle tout ce qu’il a versé ? Non, sans doute, car si, vis-à-vis de lui qui subsiste, l’opération n’a pas eu de mauvaises chances pour la société, il faut remarquer que les opérations ne sont pas isolées, que les bonnes chances des unes compensent les mauvaises des autres, et que la compagnie, les ayant courues toutes, doit retirer un profit de. chacune. Toutefois au moyen des annuités versées l’assuré a déjà gagné une certaine part du capital total qu’il avait voulu assurer. Cette part serait représentée déjà par une prime unique proportionnelle. Or la compagnie, retournant l’exemple pris, pour expliquer la réserve, paie cette prime unique à l’assuré qui lui vend son contrat. Nous ne prétendons point indiquer un système absolu et produire des calculs communs à toutes les compagnies ; on peut évaluer les bénéfices de plusieurs manières et admettre des différences dans la répartition. Nous avons donné des chiffres qui supposent le partage pour moitié ; mais quelques compagnies, surtout les plus nouvelles, accordent davantage à l’assuré. On peut aussi établir des différences entre les assurés selon qu’ils sont plus ou moins anciens ; la réserve elle-même se calcule soit par l’évaluation de chaque contrat, soit par une moyenne de tous les contrats pris en bloc. Il serait inutile d’entrer à cet égard dans des détails trop minutieux ; ce qui importe, c’est de montrer comment le système général du partage des bénéfices répond à la plupart des objections faites contre les opérations d’assurances en cas de décès. On dit communément qu’il est cruel de se priver pendant toute sa vie de sommes dont l’intérêt serait souvent nécessaire pour les besoins quotidiens. Or les bénéfices peuvent se toucher en argent, et comme dans les grandes compagnies la part de gain reçue après un stage assez court représente à peu près régulièrement 4 pour 100 des primes versées, c’est un placement à 4 pour 100 que l’on aura fait, taux assez avantageux, si l’on considère l’éventualité qui s’y ajoute. Souvent aussi on regarde comme une lourde charge d’avoir à poursuivre pendant toute sa vie le paiement d’une prime annuelle ; mais les bénéfices peuvent être reçus en amoindrissement des primes ; c’est-à-dire que l’on convertit en annuités viagères la somme de bénéfices à toucher, lesquelles se compensent avec les primes Annuelles :