genre de succès qu’il attend de cette tactique ; il espère user par l’obstination de sa résistance la popularité du parti républicain. C’est ce parti pourtant qui a raison dans cette contestation déplorable ; il a raison aussi d’aller dans la lutte aussi loin que le provocateur l’y entraîne. Au-dessous de la constitution écrite des États-Unis, il y a, si l’on peut ainsi parler, une autre constitution plus réelle, plus élastique, plus vivante : c’est le mécanisme de l’organisation des partis. Sans l’organisation qui enveloppe les partis depuis la circonscription politique la plus élémentaire jusqu’au sommet du gouvernement central, la vie politique des États-Unis, mue à tous les degrés par les ressorts de l’élection, perdrait l’harmonie et l’unité réelle qu’elle possède, et ne serait plus qu’une tumultueuse anarchie. Les partis aux États-Unis ont donc raison de défendre avec une sévérité implacable leur discipline, nécessaire à la conservation de l’ordre et de l’unité nationale. M. Johnson donne en ce moment l’exemple funeste d’une infidélité systématique aux engagemens politiques. Porté au pouvoir par les républicains, il se retourne contre cette cause pour l’outrager et détruire son influence. Si ce précédent passait sans protestation et n’était point effacé par une répression exemplaire, un grand coup serait porté aux États-Unis à cette fidélité aux engagemens qui est le lien des partis, et qui, en fondant, leur consistance, devient une condition d’ordre et de durée pour la république entière. La lutte du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif ira donc jusqu’aux extrémités où il plaira à M. Jonhson de la pousser ; il ne semble point destiné à y avoir le dessus, car le nouveau congrès doit se réunir le 4 mars, et l’on sait que les dernières élections y ont considérablement augmenté le nombre et la force des radicaux.
En Prusse, en Autriche, ce sont aussi des élections et des combinaisons d’institutions représentatives qui sont la grande affaire du moment. On a beau nous parler des résistances qui se dressent contre l’ascendant prussien dans l’Allemagne méridionale, les apparences officielles ne justifient point ces assertions. On a vu le premier ministre de Bavière, le prince de Hohenlohe, accepter nettement l’hégémonie militaire de la Prusse et renoncer aux ambitions légitimes fondées sur des traditions antiques qui pouvaient porter la Bavière à prendre la direction de l’Allemagne du sud. Dans ces circonstances, l’élection et la réunion du parlement fédéral de l’Allemagne du nord seront des événemens très intéressans. Des observateurs qui n’ont aucune prévention contre M. de Bismark prétendent cependant qu’il est de ceux qui savent donner aux classes ignorantes le suffrage universel de façon à en faire un instrument de suicide contre la liberté. On verra à la fin du mois ce curieux parlement. Les nouvelles d’Autriche autorisent à espérer que la conciliation de la cour de Vienne et de la Hongrie ne tardera point à être accomplie. On dit même que le ministère responsable de la Hongrie est déjà nommé et sera bientôt publié. La ferme adhésion de la Hongrie à l’empire autrichien serait un coup de