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L'ALLEMAGNE
DEPUIS LA GUERRE DE 1866

I.
LES AGRANDISSEMENS ET L'ARMEE DE LA PRUSSE.

Des événemens mémorables et récens ont changé complètement la situation de l’Europe. Tandis qu’un état nouveau se constituait dans la péninsule italique, en Allemagne un état ancien déployait tout à coup des forces inattendues, et avec une rapidité qui déconcertait toute prévision et toute opposition s’élevait au rang de puissance de premier ordre. Jusqu’à présent, la Prusse était de beaucoup la plus faible de cette pentarchie d’états qui, sous le nom de grandes puissances, se sont arrogé le droit de régler les destinées de notre continent. Ce n’est qu’avec des efforts disproportionnés à sa taille qu’elle parvenait à se gonfler assez pour ne faire encore qu’une assez médiocre figure autour du tapis vert des congrès. Elle était moitié moins peuplée que la France et que l’Autriche, quatre fois moins que la Russie. Ses revenus ne s’élevaient pas même au quart de ces millions que l’empire français sait jeter aux quatre coins de l’univers. Le dernier-né des états européens, l’Italie elle-même, pouvait inscrire sur ses tables de statistique un plus grand nombre d’habitans et dans les colonnes de son budget un chiffre double de celui de la Prusse. Son armée, dont elle aimait à se vanter, ne semblait bien organisée que sur le papier. Celle-ci