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habitations. Chauffer et ventiler en hiver, ventiler et rafraîchir en été, ce sont là les deux opérations qui contribuent le plus à les assainir. Elles sont d’une égale nécessité, et ne vont guère l’une sans l’autre, bien qu’au premier coup d’œil on n’en distingue peut-être pas l’intime connexité.

Les questions de la ventilation et du chauffage paraissent très simples et même tant soit peu rebattues. Ce n’est cependant qu’en ces derniers temps que les architectes leur ont accordé l’attention qu’elles méritent dans la construction des habitations particulières et surtout des édifices publics. Comme tout ce qui tient au bien-être et au comfortable, il y a cinquante ans à peine que ces questions sont étudiées. Il n’importe guère à ceux qui vivent à la campagne, la moitié du temps en plein air, de trouver en rentrant chez eux quelques degrés de plus ou de moins au thermomètre ; mais ceux qui mènent une vie sédentaire veulent être abrités au logis contre la rigueur du froid. L’air empesté des réunions nombreuses a paru plus désagréable à mesure que l’on apprenait qu’il était plus malfaisant. Les médecins ont réclamé pour leurs malades une atmosphère pure, après avoir reconnu que les déplorables épidémies qui déciment la population des hôpitaux n’ont le plus souvent d’autre cause que les miasmes délétères qui se transmettent d’un malade à l’autre. Les philanthropes ont plaidé la cause des prisonniers, assez punis déjà par la privation de leur liberté, sans qu’on les condamne encore à vivre en un milieu pestilentiel. Après avoir commencé par améliorer le chauffage des appartemens privés, ce qui était facile, les architectes et les ingénieurs ont combiné d’immenses appareils qui chauffent et ventilent à la fois les grands établissemens, tels que les hôpitaux, les théâtres, les tribunaux, les prisons, en un mot tous les lieux où les hommes se réunissent en grand nombre.

Il faut dire d’abord pourquoi le chauffage et la ventilation marchent de pair, si bien que l’une est le plus souvent la conséquence de l’autre. L’atmosphère au sein de laquelle nous vivons est, on le sait, un fluide d’une mobilité merveilleuse, que la moindre pression suffit à, mettre en mouvement. Cet air passe par les plus petits interstices, entre dans nos appartemens ou en sort avec une égale facilité. De toutes les causes qui tendent à le déplacer, la plus puissante est la variation de la température ; en s’échauffant, l’air devient plus léger et acquiert un mouvement de bas en haut ; en se refroidissant, il devient plus lourd et commence à descendre. Si donc un foyer de chaleur, tel qu’une lampe ou un brasier de charbon allumé, se trouve au milieu d’une pièce, l’air forme une colonne ascendante au-dessus de ce foyer, va frapper le plafond,