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pagne et le siège, il se décida à tenir alors un conseil de guerre. Renzo da Ceri, que François Ier venait d’envoyer dans le royaume de Naples, le comte Pedro Navarro, à qui étaient dus les travaux du camp et le creusement des tranchées, le marquis Michel-Antoine de Saluées, qui avait commandé les troupes françaises avant l’arrivée de Lautrec, le comte Guido Rangone, auquel obéissait un corps considérable d’Italiens, le comte de Vaudemont, qui avait les lansquenets de la Lorraine et des bords du Rhin sous ses ordres, et tous les chefs de troupes que la maladie avait épargnés, assistèrent à ce conseil. Renzo da Ceri, ordinairement plus audacieux que circonspect et poussant bien des fois la confiance jusqu’à la témérité, ouvrit l’avis fort sage de quitter le camp infecté et de se concentrer dans les villes de Somma, de Nola, d’Aversa, de Capoue, qui formaient comme une ceinture autour de Naples. Il soutint que de là on contiendrait avec plus de sûreté les impériaux, qui ne seraient pas moins resserrés par terre et par mer, et qu’après y avoir rafraîchi l’armée et reçu des renforts on pourrait en un moment plus favorable les attaquer dans Naples, où ils se seraient affaiblis. Cet avis, que d’autres partageaient, fut repoussé par Lautrec. L’opiniâtre et superbe Lautrec, qui avait annoncé qu’il aurait les impériaux la corde au cou, ne supportait pas l’idée d’une retraite et l’apparence d’un échec. Il dit qu’il aimait mieux périr sur place que de reculer. Comme le suprême commandement lui appartenait, il décida qu’on resterait dans ce camp, d’où l’on ne pouvait plus contraindre l’ennemi à se rendre et où l’on devait même bientôt être exposé à ses agressions.

Lautrec chercha cependant à augmenter ses forces. Il envoya Renzo da Ceri dans les Abruzzes pour en ramener quatre ou cinq mille hommes de pied et de la cavalerie légère, dont on n’avait pas suffisamment pour tenir tête aux impériaux, qui en avaient davantage. Il fit presser Giamjordano Orsini, qui entretenait des troupes dans les états pontificaux, le belliqueux abbé de Farfa, qui appartenait à la même maison et qui combattait avec succès contre les Colonna, le prince de Melfi Sergiano Carraciolo, qui était devant Gaëte avec les soldats qu’il avait levés depuis son entrée au service de France, enfin les ducs de Nola et de Somma qu’il engagea pour deux cents chevaux chacun, de venir au plus tôt le joindre devant Naples. En attendant ces renforts, qui n’arrivèrent pas à temps, il demeurait immobile dans son camp dévasté par la maladie. Du 18 juillet au 6 août, la peste enleva une partie de l’armée française et paralysa les efforts du reste. Les morts s’accumulaient, et on les enterrait dans les tranchées. Les malades étaient de plus en plus nombreux. Le comte de Vaudemont était allé à Vico, près de Sorrente, et y succomba bientôt. Le second chef des valeureux débris des bandes noires,