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gouvernement anglais a toujours montré à ce sujet la plus inexplicable indifférence et la plus fâcheuse inertie. Cependant le regrettable prince Albert avait mis toute son influence au service de cette cause et un membre influent du ministère actuel, lord Stanley, appuyait en 1855, au sein de la chambre des communes, le système monétaire décimal proposé par M. William Brown. D’ailleurs le gouvernement anglais, invité par le gouvernement français, non à adopter tel ou tel projet, mais simplement à nommer des délégués pour rechercher en commun le moyen d’arriver à une entente, aurait si mauvaise grâce à s’y refuser, que l’opinion serait unanime en Angleterre pour le blâmer énergiquement. Un fait tout récent montre que de l’autre côté du détroit la question est résolue pour la majorité des hommes compétens.

Le 19 février dernier se réunissaient les délégués des chambres de commerce du royaume-uni, le conseil de l’Association internationale pour le système décimal et le Comité du système métrique de l’Association britannique. Sir John Bowring présidait l’assemblée. En Angleterre, quand une réunion a adopté des résolutions, elle les fait imprimer sur une feuille volante pour les distribuer de toutes parts, moyen de propagande excellent, peu coûteux et allant droit au but. Parmi les résolutions votées le 19 février, je traduis la suivante, proposée par M. F. Hendriks et appuyée par MM. Samuel Brown, vice-président de la Société de statistique, et John Kupli ; consul de Suisse : « L’opinion de ce meeting est que la convention monétaire récemment intervenue entre la France, l’Italie, la Suisse et la Belgique est une mesure qui mérite une entière approbation, parce qu’elle aura pour effet de faciliter et d’activer les opérations internationales de commerce, de banque et d’échange, non-seulement entre les nations contractantes, mais aussi avec les autres pays. Le meeting est aussi d’avis que les clauses de cette convention, en tant qu’elles pourraient être appliquées au système monétaire du royaume-uni, appellent l’attention et l’appui de tous ceux qui s’intéressent au progrès des rapports pacifiques entre les différens peuples. »

Passant ensuite de la question de principes à celle de l’application, l’assemblée décida, sur la proposition du professeur Leone Levi, qu’il était désirable que les chambres de commerce fussent représentées à la conférence spéciale qui se rattache au département des poids, mesures et monnaies à l’exposition de Paris. On ne s’en tint pas là. Il fut arrêté aussi qu’une députation agirait auprès du gouvernement pour l’engager à intervenir dans le sens des vœux émis, et que ceux-ci seraient aussi communiqués aux représentans consulaires des différentes nations, afin d’obtenir leur