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sous le nom de celts. Pour fixer l’âge auquel ces divers monumens appartiennent, il faut étudier les sépultures, les dépôts qui les renferment et rechercher les objets qui s’y trouvent mêlés. Disons auparavant qu’à ce troisième âge la fabrication des pierres taillées avait pris un prodigieux développement, développement qui déjà datait peut-être même de l’âge précédent. On a observé en divers points de la France et de la Belgique des ateliers où elles étaient préparées et dont l’emplacement est décelé par les nombreuses pièces inachevées qui s’y sont trouvées réunies à côté d’armes de la même matière amenées à leur dernier degré de perfection. Un de ces ateliers existait à Pressigny (Indre-et-Loire), d’autres à Chauvigny (Loir-et-Cher), à Civray, à Charroux (Vienne). Les silex paraissent avoir été ordinairement taillés dans la carrière et portés ailleurs pour être polis. On a découvert sur plusieurs points les pierres qui servaient au polissage, et auxquelles les paysans donnent le nom de pierres cochées, des sillons ou coches dont elles sont empreintes.

Les peuplades qui fabriquaient ces haches, ces engins de pierre, ne devaient pas vivre dans un isolement complet les unes à l’égard des autres, et il a certainement existé entre elles des échanges, un certain trafic. On a trouvé en Bretagne des haches en fibrolite, matière qui ne se trouve en France que dans l’Auvergne et le Lyonnais. A l’île d’Elbe, où l’on a recueilli un grand nombre d’objets en pierre taillée dont l’usage doit être antérieur à l’exploitation des mines de fer, qui remonte aux Étrusques, la plupart de ces armes primitives sont d’un silex qui ne se rencontre pas dans le sol et a été conséquemment apporté par mer.

Les débris de la faune mammalogique renfermés dans les étages des cavernes correspondant à l’âge de la pierre polie achèvent de démontrer que celui-ci est postérieur à la période quaternaire. Les grands carnassiers, les grands pachydermes n’existaient plus. L’urus (bos primigenius), qui n’a disparu qu’au commencement de l’époque historique, est le seul animal de cet âge qui n’appartienne pas à la faune actuelle. On rencontre dans ces étages le cheval, le cerf, le mouton, la chèvre, le chamois, le sanglier, le loup, le chien, le renard, le blaireau, le lièvre. Le renne ne se montre plus. En revanche, on y trouve les animaux domestiques qui font complètement défaut dans les cavernes du Périgord. Évidemment le climat était alors devenu ce qu’il est de nos jours, on est au seuil de la période historique. Ces observations s’appliquent également aux débris d’animaux qu’on déterre avec ceux de l’homme dans les sépultures les plus antiques et dont il nous faut maintenant parler.

On sait qu’il existe en France et dans les îles britanniques une