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revient sur les mêmes points tous les dix ou douze ans ; mais en général on préfère les parties vierges.

Ce système de culture est aujourd’hui passé dans les mœurs, et il est impossible au gouvernement de s’y opposer d’Une manière absolue ; tout ce qu’il peut faire, c’est de chercher à le rendre aussi peu préjudiciable que possible en obligeant les indigènes à laisser sur pied les essences les plus précieuses, — le teck, le poon, le black wood, le jack et le sandal, — et à respecter les jungles situées près des rivières et sur les côtes, où elles peuvent être exploitées facilement et fournir du bois de chauffage. On conçoit cependant que les arbres conservés doivent souffrir beaucoup du passage périodique de la flamme, qui brûle les racines et dessèche le feuillage. Les mesures prises ne sont donc qu’un palliatif, et il faudra un jour ou l’autre aviser à des moyens de préservation plus énergiques. Il ne s’agit pas seulement dans cette circonstance de préserver les forêts, il faut encore éviter d’encourager chez les tribus un genre de vie qui les empêche de se fixer et qui entretient leur misère[1]. Déjà les collecteurs des différens districts ont reçu l’ordre de prendre possession de tous les terrains boisés dont l’appropriation particulière n’est pas constatée par un titre, et d’interdire le kumari partout où ils jugeront convenable de le faire dans l’intérêt public.

Il est en effet de la plus haute importance de veiller à la conservation des forêts de l’Inde, beaucoup moins encore en vue d’assurer à la consommation les bois de chauffage et de construction dont elle peut avoir besoin qu’en raison de l’influence qu’elles exercent sur le régime des eaux et sur la température. Dans les pays chauds, la fertilité est proportionnelle à la quantité d’eau dont on dispose, et l’on sait que les forêts ont pour effet de provoquer la formation des sources, de maintenir dans les rivières un débit régulier et constant, et par conséquent de permettre les irrigations, sans lesquelles les meilleures terres demeurent stériles. D’un autre côté,

  1. Voici l’évaluation des frais de cette culture :
    Taxe pour 1 acre 1/2 (61 ares) 1 roupie 8 annas.
    Abattage des bois 3 — » —
    Semences du millet » — 4 —
    Sarclage 4 — » —
    Garde 6 — » —
    Récolte 4 — » —
    Total 18 roupies 12 annas.
    Récolte, 28 mudas a 1 roupie 28 — » —
    Bénéfice 9 — 4 — (21 fr. 84 c.)


    Ce qui donne environ 35 francs 80 centimes par hectare.