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LE
ROMAN ANGLAIS
CONTEMPORAIN

I. Played Out, by Annie Thomas. — II. Land at last, by Edmund Yates. — III. Belton Eastate, by Anth. Trollope. — IV. Gemma, by Adolphus Trollope. — V. Won by a head, by Alfred Austin. — VI. Vittoria, by George Meredith. — VII. Griffith Gaunt, or Jealousy, by Ch. Reade[1].

En parcourant, comme nous le faisions dernièrement, cette lice pacifique où les artistes et les industriels de tous les pays mettent en présence les chefs-d’œuvre contemporains que chaque nation revendique comme les manifestations les plus élevées du génie qui lui est propre, beaucoup de nos lecteurs ont dû, en face des tableaux que l’Angleterre fait passer devant nos yeux, éprouver un certain désappointement, dont les causes ne sont point faciles à démêler. Ni le zèle, ni la foi, ni l’intelligence ne manquent à cette école de peinture ; ce qui lui fait défaut, c’est la hauteur des vues, ou plutôt, — car l’objectif de l’artiste est souvent très élevé, — la puissance d’essor, la domination de l’homme sur l’œuvre, la saine condensation des élémens divers qui sont appelés à traduire l’idée-mère de chaque tableau. Le détail tue l’ensemble ; l’effort également dispersé met tout en relief et trouble l’harmonie du plan général. Sur un seul point, point essentiel, il est vrai, la peinture anglaise se maintient au niveau de ses rivales et parfois leur est supérieure : plus souvent qu’aucune de ces dernières, elle rencontre juste en interprétant la vie de chaque jour. La vérité du geste, l’éloquence de la physionomie, font oublier ce que le dessin a

  1. Tous ces romans, formant trois volumes chacun, sont édités par la maison Chapman and Hall.