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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mai 1867.

On ne se moquerait plus des conférences diplomatiques, si d’habitude elles expédiaient les affaires aussi honnêtement, aussi rapidement, aussi galamment que la conférence de Londres a conduit et terminé la négociation relative au Luxembourg. Deux causes ont simplifié cette négociation et l’ont rendue promptement féconde : le désintéressement de la France et le zèle de l’Angleterre, Quel contraste entre l’inquiétude, l’angoisse, qui s’étaient emparées de l’Europe il y a trois semaines à propos du Luxembourg et de la menace d’une lutte de la France contre l’Allemagne prussienne, et la sécurité créée aujourd’hui par le traité signé à Londres le 11 mai ! Il a semblé un instant que le conflit était inévitable, et que devant une question mal posée il serait impossible de trouver des termes de conciliation compatibles avec l’honneur de deux grands gouvernemens et de deux grands peuples. Quant à nous, nous avons résisté à cette crainte dès que nous avons su que la cour des Tuileries ne persistait point dans l’idée malencontreuse de l’acquisition du Luxembourg : nous étions persuadés que le désintéressement de la France suffirait pour amener le succès de nos réclamations légitimes ; nous étions certains que le terrain du grand-duché ne serait plus tenable pour la cour de Berlin, que le roi de Prusse et M. de Bismark ne pourraient et ne voudraient point y chercher l’occasion d’un conflit, dès que la France ne réclamerait plus qu’une garantie strictement due à sa sûreté et conforme aux principes les plus élémentaires du droit européen. Les faits ont aujourd’hui confirmé ces appréciations. L’autonomie et la neutralisation du Luxembourg, le maintien de l’union personnelle qui lie cette province à la maison régnante des Pays-Bas, une garantie des puissances européennes couvrant cet état de choses, il n’en a pas fallu davantage pour supprimer tout motif de collision entre la France et la Prusse. La garantie européenne de la neutralité remplaçant pour le Luxembourg les con-