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vapeurs avec son camp retranché, la verte plaine de l’Adige, la chaîne marbrée des Alpes.

Tout ce pays, qu’on pourrait se figurer comme un triangle dont les trois sommets seraient Valeggio, Peschiera et Sommacampagna, est un amas de collines souvent abruptes, coupées de vallons assez étendus parfois. Le seul cours d’eau est le Tione, qui serpente à travers les gorges entre Castelnovo, du côté de Peschiera, et Villafranca, sans jamais être un obstacle. Les maisons sont rares et isolées dans les plaines, plus nombreuses sur les hauteurs, où elles se groupent en gros bourgs et même en villages importans qui deviennent facilement de fortes positions militaires. Les routes qui sillonnent cette région se déroulent à travers une campagne cultivée, boisée, couverte de plantations qui gênent toutes les évolutions d’une armée, et entravent notamment à chaque pas la cavalerie ou l’artillerie. Dans son ensemble, cette contrée est singulièrement favorable à la défense, surtout pour un ennemi depuis longtemps accoutumé à étudier, à choisir ses positions de combat. C’est là le terrain que l’armée du roi devait aborder, si elle voulait agir sérieusement de ce côté, et où elle se préparait effectivement à s’engager le 23 juin en franchissant le Mincio sans rencontrer aucun obstacle.

A huit heures du matin, le mouvement commençait sur toute la ligne. Les Autrichiens n’avaient détruit aucun pont sur le Mincio et ne paraissaient même pas pour troubler l’armée italienne dans cette opération du passage d’un fleuve, toujours délicate. Le corps de Durando formait toujours l’extrême gauche dans cette marche en avant. Tandis que la division Pianelli avait l’ordre de rester sur la rive droite, en descendant seulement de Dondino sur Pozzolengo pour se rapprocher du Mincio sans cesser d’observer Peschiera, la division Cerale devait franchir le fleuve à Monzambano, porter ses têtes de colonnes sur les hauteurs de la rive gauche et les y établir fortement ; la division Sirtori avait mission de prendre le pont de Borghetto, d’occuper militairement Valeggio, et au besoin de mettre en état de défense ce point capital ; plus bas, Brignone devait effectuer son passage par les moulins de Volta et aller s’établir à peu de distance, à Pozzuolo. Le corps de della Rocca s’ébranlait de même. La division de cavalerie qui venait d’être attachée à ce corps passait la première par le pont de Goïto pour pousser des reconnaissances dans tous les sens et aller camper en avant dans la direction de Villafranca ; puis venait Bixio, chargé de prendre position derrière la cavalerie de Sonnaz, tandis que le prince Humbert allait s’établir à Roverbella, point central des communications entre Villafranca, Valeggio et Mantoue. Govone, passant à son tour, avait ordre de s’arrêter sur la route de Goïto à Mantoue. Enfin