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effet de remettre un certain ordre dans l’action en suspendant quelque peu le progrès des Autrichiens. Du haut du Monte-Vento particulièrement, le colonel Bonelli soutenait contre les coteaux d’Oliosi, occupés par des batteries impériales, un combat d’artillerie qui n’était pas au désavantage des Italiens ; mais une circonstance bien autrement décisive venait en aidé à cette malheureuse aile gauche de l’armée.

La division Pianelli, on l’a vu, était restée sur la rive droite du Mincio en se rapprochant du fleuve, à Monzambano, d’où elle pouvait surveiller ces événemens auxquels elle ne paraissait pas destinée à prendre part. Dès le matin, au bruit du canon, Pianelli n’avait pas tardé à démêler que quelque chose de grave devait se passer sur la route de Castelnovo, et après avoir appelé une partie de ses troupes de Pozzolengo, n’ayant d’ailleurs ni ordres ni nouvelles, il était accouru d’instinct, envoyant quelques bataillons avec le colonel Pasi dans la direction du feu, et se portant lui-même sur une hauteur pour apprécier la situation. Il n’avait pas hésité alors à s’engager plus vivement et à faire venir des forces nouvelles. Cette intervention était d’autant plus opportune que les Autrichiens, s’avançant par la route de Salionze, plus rapprochée du Mincio, en même temps que par la route d’Oliosi, menaçaient déjà de couper les communications par le pont de Monzambano et de tourner toutes les positions italiennes.. Heureusement Pianelli avait en peu d’instans si bien pris ses dispositions sur les hauteurs voisines de Monzambano, garnies d’artillerie, et sur la rive gauche du Mincio, que, si les Autrichiens cherchaient à gagner du terrain, ils risquaient d’être pris entre deux ou trois feux, et c’est ce qui allait effectivement arriver bientôt. Un bataillon de chasseurs autrichiens arrivant du côté de Salionze tomba dans ce guêpier, ne pouvant plus avancer ni reculer, renvoyé de l’un à l’autre, et finit par être pris tout entier. Par cette initiative aussi hardie qu’intelligente, Pianelli avait peut-être sauvé la gauche de l’armée d’un désastre ; dans tous les cas, il avait brusquement arrêté la marche des Autrichiens.

Autour de Custoza même, la face des choses était redevenue plus favorable encore. Au moment où Brignone avait quitté le champ de bataille, Cugia et Govone se montraient à peine après une marche commencée à deux heures et demie du matin, et embarrassée par ces éternels bagages qu’on retrouvait partout. Ils arrivaient trop tard pour épargner à Brignone l’amertume d’une retraite forcée. Telle était cependant l’importance de ces positions un instant perdues, que le général La Marmora, rencontrant successivement Cugia et Govone, leur avait donné l’ordre de se hâter pour les reprendre, et c’est ce qu’ils avaient fait l’un et l’autre avec une