Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 70.djvu/1026

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et avoir vainement demandé des secours qu’on ne pouvait lui envoyer, se voyait obligé de se replier de nouveau un peu en désordre, et cette fois ce n’était plus sur la rive droite du Tione, sur les hauteurs de Sainte-Lucie que s’arrêtait le mouvement de retraite. Harcelée, refoulée après avoir perdu depuis le matin 650 hommes et se battant encore, cette division n’allait plus s’arrêter qu’à Valeggio. De son côté, Durando n’était guère plus heureux au Monte-Vento, où il tenait encore à la vérité. Ce que serait devenue cette défense du Monte-Vento, il serait difficile de le dire, elle fut désorganisée par la disparition de Durando, atteint d’une blessure qui semblait légère au premier abord, et qui bientôt le mettait hors d’état de rester sur le champ de bataille. Il en résultait une inévitable confusion. Le commandant de ce qui restait de la division Cerale était un simple colonel ; le corps d’armée n’avait plus de chef. Le commandement devait passer au général Pianelli, et Pianelli n’était pas là. Il tenait heureusement en respect les Autrichiens ; mais, restant toujours sans ordres, ne sachant rien d’ailleurs de l’ensemble de la bataille, il finissait par se renfermer dans la défensive, tandis que les combattans de Monte-Vento, comme Sirtori, se repliaient peu à peu sur Valeggio. À ce moment, il n’y avait plus qu’un point où la bataille ressemblait encore à une victoire : c’était Custoza, où Govone ne se bornait pas à se défendre, où il avançait, on l’a vu, jusqu’aux hauteurs du Belvédère, pendant que Cugia tenait toujours à Monte-Croce, — et tant que la question n’était pas résolue sur ce point, les Autrichiens savaient bien qu’ils ne pouvaient être nullement certains de l’issue de la journée. Ils sentaient fort justement que le nœud de la bataille était à Custoza. Aussi se disposaient-ils à un retour violent et décisif. Govone les attendait de pied ferme, et le choc allait être terrible, car les Autrichiens se préparaient à assaillir les positions italiennes avec cinq colonnes composées du 7e et du 9e corps, appuyées de fortes masses, soutenues par une nombreuse artillerie distribuée sur les collines.

A trois heures, l’assaut commença. Govone, sans s’émouvoir du nombre de ses ennemis et sans les laisser arriver jusqu’à lui, entraîné ses troupes dans une attaque à la baïonnette et fait reculer les Autrichiens, qui se retirent en désordre. Cette première attaque avait complètement manqué. C’était en somme le choc victorieux de 10,000 hommes contre 20,000. Malheureusement le général Cugia, assailli de son côté, n’avait point eu le même succès. Il fut obligé d’abandonner ses positions. Govone restait donc seul contre les attaques qui ne pouvaient manquer de se renouveler. Or ici s’élève une considération bien simple : pendant, que l’intrépide général disputait ainsi un terrain où se jouait évidemment le sort de la journée, que faisaient les deux divisions Bixio et prince