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enfoui sous terre, parfois porté sur des arcades. On n’y voit pas de ces immenses arches en maçonnerie que les Romains édifiaient en pareille circonstance au travers des vallées secondaires. Par un sentiment d’économie intelligente, les ingénieurs modernes ont franchi les vallées qui leur barraient le passage au moyen de tuyaux métalliques en forme de siphons. Quoique que toutes les dépenses superflues aient ainsi été évitées, ce travail n’a pas coûté moins de 18 millions de francs. Compte fait des frais d’entretien, chaque mètre cube d’eau rendu aux portes de Paris revient à 4 ou 5 centimes. L’eau de la Seine, élevée par des machines à vapeur, coûterait un peu moins cher ; il est vrai, qu’elle serait de qualité bien inférieure.

Les 40,000 mètres cubes que la Dhuis fournit ou pourra fournir chaque jour, lorsque des travaux de captage auront accru le débit de ses sources, sont loin de suffire, comme on a vu plus haut, à l’alimentation de la capitale. Les ingénieurs de la ville ont l’intention d’emprunter les 90 ou 100 mille mètres, qui font encore défaut à la Vanne, petite rivière claire et limpide qui sort du département de l’Aube à la limite des terrains crayeux de la Champagne, et se perd dans l’Yonne en amont de Sens. La vallée de la Vanne renferme tant de sources que les terres souffrent de la surabondance et du défaut d’écoulement des eaux, les prairies sont des marécages ; il n’y avait donc pas à redouter de ce côté les plaintes que les riverains de la Dhuis avaient fait entendre. Au reste la qualité de ces eaux est bonne, car elles ne marquent que 18 à 20 degrés hydrotimétriques. Le débit en est aussi très régulier, si ce n’est à la suite des sécheresses prolongées. La baisse se produit d’habitude aux mois de septembre et d’octobre, c’est-à-dire après la saison des grandes chaleurs et de la grande consommation. Comme il y avait beaucoup de moulins établis depuis un temps immémorial sur le cours inférieur de la Vanne et en possession du droit d’en utiliser les eaux, la ville de Paris eut à dépenser tout d’abord plus de 3 millions en achats de terrains ou d’usines et en indemnités. L’aqueduc, qui aura de 172 à 175 kilomètres de long, coûtera 30 millions ; il amènera un torrent d’eau fraîche, pure, et agréable au goût sur les sommets de Montrouge, à 54 mètres au-dessus de l’étiage de la Seine.

Dès que les travaux en cours d’exécution vont être achevés, Paris recevra une quantité suffisante d’eaux de source et d’eaux de rivière, les unes réservées à la consommation domestique, les autres attribuées au service public de l’arrosage et du nettoiement des voies de circulation. Voyons maintenant comment elles sont distribuées à chaque quartier, à chaque rue, à chaque maison. De