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confirmées. Elles le furent aussi par l’expédition que le roi d’Assyrie dirigea contre l’Égypte, et qui est mentionnée dans l’inscription de Sargon. du jour, le prophète s’était montré nu et sans chaussures pour représenter l’état de dénûment des captifs égyptiens et éthiopiens que l’armée assyrienne emmènerait avec elle. Sargon mourut peu de temps après cette campagne, laissant le trône à son fils Sin-akhi-Irib, c’est-à-dire la lune a multiplié des frères, connu dans l’histoire biblique sous le nom de Sennachérib.

Le règne de Sennachérib est un de ceux que les inscriptions cunéiformes permettent le mieux de rétablir dans leur intégrité. Les innombrables exploits de ce monarque, racontés par lui-même, n’empêchent pas qu’on ne discerne à travers les louanges qu’il s’accorde d’une main libérale son impuissance croissante à prévenir l’ébranlement de l’empire assyrien. Il n’est question que de révoltes à Babylone, en Mésopotamie, en Syrie, en Phénicie, partout. Les inscriptions permettent aussi de présumer qu’il dut batailler pendant deux ans avant d’être reconnu sans conteste par les Assyriens eux-mêmes. Toutes ces circonstances nous ont enfin expliqué ce qui auparavant semblait inexplicable, c’est-à-dire la résolution d’Ezéchias, qui crut le moment propice pour refuser de payer le tribut que depuis les premières années du règne d’Achaz Juda était tenu d’envoyer à Ninive. D’ailleurs l’Égypte sortait enfin de l’apathie où elle était plongée. La nécessité d’opposer une digue à l’extension continue de l’empire assyrien était sentie d’un bout à l’autre de la vallée du Nil, et les divisions intestines étaient primées par l’évidence du danger commun, Ézéchias chercha des alliés de ce côté, et crut pouvoir attendre les Assyriens de pied ferme. Tout cela se passait l’an 698.

La rapidité des mouvemens et des victoires de Sennachérib déconcerta le roi de Juda. L’Égypte ne fut pas prête à temps, et le petit peuple juif se vit exposé seul aux coups des terribles bandes assyriennes que leur roi conduisit contre les Égyptiens en passant par la Judée, et qui, ravageant tout le pays, rasant les forteresses, détruisant les villes et les villages, ne s’arrêtèrent que sous les murs de Jérusalem. Ésaïe jouissait alors d’une réelle influence à la cour d’Ézéchias ; sa popularité comme prophète devait être fort grande : nous le voyons réclamer et obtenir la destitution du trésorier royal Sebna. Les événemens, pris en gros, lui avaient jusqu’alors donné