Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 70.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne sait ce que c’est qu’un coup de vent. Cette ignorance où nous sommes toujours des lois fondamentales qui régissent les météores aériens fait que les observateurs ne savent pas trop de quel côté diriger leurs efforts. On note depuis longtemps la température, de l’air, la pression barométrique, l’humidité, la force et la direction des vents, l’aspect des nuages, etc., mais l’on commence à douter que ces élémens soient suffisans pour la recherche des grandes lois météorologiques. Faudra-t-il maintenant songer à se procurer d’autres données complémentaires ? Sera-t-il nécessaire d’observer régulièrement la radiation solaire, l’ozone, l’électricité atmosphérique, les étoiles filantes, ou de monter en ballon pour surveiller de près ce qui se passe au-dessus des nuages ? Ayant d’en venir là, il sera peut-être plus simple de tenter un dernier effort et de voir si l’insuccès du système généralement adopté ne tient pas surtout à la manière dont les observations sont faites. Presque partout on se contente de noter l’état des différens instrumens météorologiques à certaines heures de la journée, afin d’en déduire par le calcul l’état moyen des mêmes instrumens pour chaque jour, pour chaque mois et pour l’année entière, On arrive ainsi à se faire une idée superficielle du climat général de quelques points du globe, mais les petites oscillations qui agitent l’atmosphère dans le courant d’une journée et qui déterminent le temps proprement dit passent à peu près inaperçues. Pour les reconnaître, il faudrait surveiller les instrumens presque sans interruption, et cela ne peut se faire qu’en confiant le travail des observateurs à des machinas. Là est peut-être l’avenir de la météorologie.

Les machines, qui peu à peu, dans toutes les industries, se substituent à l’ouvrier et se chargent de tout ce qui est besogne mécanique, viendront aussi en aide à la science pour débarrasser l’observateur de la partie la plus fastidieuse de son travail. Nous les chargerons de voir et d’écrire pour nous, et elles feront leur devoir sans distraction et sans défaillance, comme ces farfadets qui autrefois achevaient en silence l’ouvrage des personnes qui savaient mériter leurs bonnes grâces. La photographie et l’électricité travailleront sous les ordres d’une horloge qui leur taillera la besogne et en surveillera l’exécution ; un peu d’huile à la lampe qui éclaire l’appareil optique, une provision d’acide dans la pile qui alimente le jeu des électro-aimans, voilà tout ce qu’il faut pour entretenir l’activité, de ces fidèles servans que l’homme s’est créés à son image. Qui ne voit, que l’emploi de ces observateurs automates doit nous mettre en possession de documens infiniment plus complets et plus importans que tout ce qu’on a pu obtenir jusqu’ici par des observations isolées, fragmentaires, et par-dessus tout fatigantes et insipides ? Les appareils enregistreurs sont en cela supérieurs à l’homme, que rien ne peut lasser leur zèle, que rien ne les rebute, que la monotonie est leur élément, et la régularité leur condition d’existence. Voilà un observateur qu’il suffit de monter en tournant une clé : il reste