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rendement mensuel, après la mise en service de la totalité de ces engins, à environ 1,500,000 mètres cubes. Ce chiffre est modéré. Le rendement général du mois de février a été de 800,000 mètres cubes, celui du mois de mars d’un million. Si l’on ajoute à l’effet des dragues le produit des travaux continués à sec sur certains chantiers, on arrive à cette conclusion, que le canal sera entièrement creusé avant la fin de 1869. La compagnie en effet vient de souscrire avec les entrepreneurs une convention additionnelle par laquelle ces derniers s’engagent à livrer le canal le 1er octobre 1869. En raison des conditions nouvelles dans lesquelles s’effectuent les travaux, des deux années presque perdues en négociations, enfin de quelques ajoutés aux devis primitifs, ce changement apporté au contrat primitif était depuis longtemps reconnu nécessaire ; on a attendu le moment où l’on pourrait stipuler sans nulle incertitude. La nature du sol traversé par le canal, la perméabilité, la consistance de ces terres, sont actuellement choses connues ; les incidens fortuits de nature à troubler la marche des travaux deviennent donc de plus en plus improbables, et dans tous les cas ne pourraient guère éloigner le terme prévu, qu’on peut, dans ces limites ; regarder désormais comme définitif.

Si nous examinons maintenant la question au point de vue financier, les considérations qui précèdent et qui expliquent le retard apporté dans l’achèvement des travaux font comprendre aussi la nécessité d’un surcroît de dépenses[1]. La totalité du capital social a été récemment versée, d’un autre côté une grande partie des annuités du vice-roi d’Égypte reste à percevoir ; mais la compagnie a dû, nous le supposons, faire aux entrepreneurs l’avance d’une partie de la valeur de leur immense matériel. Ce qui paraît certain, c’est que l’augmentation dans un délai plus ou moins rapproché des ressources financières de la compagnie serait reconnue nécessaire. Il y serait pourvu, sans accroissement du capital social, de la façon suivante : 10,000 hectares de terrain restent aujourd’hui concédés à la compagnie du canal maritime depuis l’expertise faite à la suite des dernières conventions avec le vice-roi d’Égypte. Sur ces terrains s’élèvent d’immenses magasins et ateliers, des établissemens de toute sorte, des villes même. L’eau douce a été amenée dans le désert, y créant la vie, le mettant en relation avec les deux mers par de belles voies navigables. La possession de ces terrains représente dans l’avenir une source de revenus ; des redevances sont déjà perçues dans les villes. L’on peut évaluer à 100 millions les

  1. Au 1er juillet 1866, l’intérêt acquis aux actions depuis le 1er Janvier 1859 s’élevait a 35,568,570 francs. Une somme à peu près égale représente l’intérêt à servir jusqu’à l’époque de l’achèvement des travaux. C’est donc une somme de 70 à 80 millions à prélever sur le capital avant la perception des bénéfices.