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les colonies de Queensland et de la Nouvelle-Galles du sud, les forêts ont un caractère équatorial, tandis que dans la Tasmanie et dans Victoria elles ont jusqu’à un certain point un aspect européen. C’est dans les premières que se rencontrent la fougère arborescente, l’ortie géante, qui atteint jusqu’à 12 mètres de tour et 40 mètres de hauteur ; le cèdre rouge (cedrela australis), qui forme d’immenses et magnifiques forêts dont les arbres, hauts de 50 mètres, laissent à peine distinguer leur feuillage au milieu des lianes et des plantes parasites qui s’attachent aux troncs et pendent dans les branches ; le figuier géant, l’un des végétaux les plus curieux et les plus pittoresques de la flore australienne. Il est difficile de donner une idée du caractère de grandeur et de majesté de ce singulier végétal. Une semence déposée par un oiseau sur la cime d’un des plus grands arbres commence par pousser des racines qui tombent jusqu’au sol, où elles s’implantent ; elles embrassent peu à peu l’arbre qui les supporte jusqu’à le faire disparaître sous leurs étreintes, en donnant naissance à des arcs-boutans qui s’étendent au loin. Les branches de leur côté s’élèvent dans les airs, formant une immense coupole de verdure qui domine les arbres voisins. À cette région appartiennent encore deux espèces d’araucarias connus dans le pays l’un sous le nom de bunya-bunya, l’autre sous celui de pin de la baie de Moreton (Moreton bay pine) ; ce sont des arbres gigantesques de 75 à 80 mètres de haut sur 3 mètres de diamètre qui peuplent de vastes étendues le long des côtes ; ils donnent un bois excellent pour l’ébénisterie et laissent couler une résine pure comme du cristal.

Les colonies méridionales de la Tasmanie, de Victoria et de l’Australie du sud ont la végétation des pays tempérés ; on y rencontré l’acacia melanoxylon (black wood), dont le bois noir d’une grande beauté a quelque analogie avec le noyer, les eucalyptus, dont les nombreuses variétés ont souvent été prises pour des espèces particulières ; à ce genre appartiennent le gommier rouge (red gum), le gommier bleu (blue gum), l’écorce de fer (iron bark) et une foule d’autres qui donnent des bois très précieux. Les eucalyotus sont si recherchés qu’on essaie de les acclimater partout où l’on peut ; des plantations ont été faites avec succès dans l’Inde et l’Algérie. On a également expédié d’Australie dans ce dernier pays des semences d’une espèce d’acacia qui a la propriété de végéter sur les sols les plus stériles, afin d’en essayer la culture dans le Sahara. Il n’est pas impossible que la tentative réussisse, mais il ne faut pas se dissimuler que, si le désert était quelque jour reboisé, il en résulterait une profonde perturbation dans les conditions climatériques de la France et de l’Angleterre. La chaleur,