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répète, que sur les renseignemens venus de Yédo, se trouvent plus tard confirmées, ne serait-ce pas un fait curieux et bien digne d’attention que l’établissement dans ces îles lointaines d’un régime social et politique presque analogue à celui de l’Europe du moyen âge ? J’en ai dit assez pour éveiller le désir des recherches ; il reste à examiner la civilisation du pays telle qu’elle ressort de l’exposition.

Dans le parc du Champ de Mars s’élève une maison japonaise, c’est l’habitation d’un artisan, d’un petit marchand ; elle présente au dehors la figure d’un carré long que surmonte un toit conique aux bords légèrement recourbés. Le toit est épais, car les hivers sont souvent rudes. Il est fait d’un assemblage de grosses poutres couvertes de chaume, parfois de tuiles. Une porte de plain-pied donne accès dans la maison. Pour éclairer l’intérieur, il y a deux-ouvertures garnies d’un treillis mobile en bois que recouvre un papier transparent. La fabrication du verre est inconnue au Japon ; il est certain pourtant que nos verres à vitres remplaceraient avantageusement le papier, de même que nos miroirs seraient d’un usage plus commode que l’acier poli dont on se sert au Japon comme dans l’ancienne Rome. La maison, qui n’a qu’un seul étage, se divise en deux pièces que des compartimens mobiles peuvent à volonté rendre plus ou moins étroites. On couche dans celle du fond, sur le plancher ou même sur le sol, simplement garni de nattes de jonc. Pour se garantir du froid, on se couvre d’épais vêtemens, d’étoffes de coton, de fourrures et de pelleteries, que les Japonais préparent et décorent avec beaucoup d’art. On en voit de nombreux spécimens à l’exposition. La fabrication européenne a là un vaste champ à exploiter. Ses objets de literie, ses couvertures de laine et de coton, mieux tissées et plus épaisses que celles fabriquées au Japon, s’imposeront facilement à la consommation, si le prix n’en est pas trop élevé.

L’autre pièce, à l’entrée, est celle où se tient la famille durant le jour. Aucun meuble, ni tables, ni sièges. Une armoire à coulisse, percée dans le mur même, renferme les porcelaines, les tasses à thé, les menus objets en laque commune qui servent à l’usage journalier. Le Japon, qui a envoyé de magnifiques cristaux de roche et qui sait les polir et les travailler, ne se sert jamais du cristal que pour l’ornementation. Ces maisons si simples et si rustiques forment les faubourgs de Yédo, d’Osaka et des autres grandes villes. Quand le propriétaire exerce une industrie, la pièce d’entrée sert de magasin. Dans les boutiques japonaises, il n’y a jamais d’étalage ; ce genre d’amorce est inconnu. Une bande d’étoffe ou de papier sert seule d’enseigne. Le Japon, très riche en bois de toute nature,