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avec certaines parties du costume national, qu’il serait difficile de modifier entièrement. C’est ainsi que l’usage des chaussures de cuir, inconnu au Japon comme en Chine, et celui des jambières ont quelque peine à se faire accepter. La population, je l’ai dit, paraît un peu faible pour supporter en campagne le poids dont se charge un fantassin français ; mais comme elle est très leste, très active, il est probable que l’on obtiendra promptement un bon résultat. Le nombre des Japonais qui se rendent en France, sans parler du jeune frère du taïcoun, spécialement recommandé à l’empereur et venu à Paris pour y faire son éducation, s’accroît tous les jours : on les voit revêtir notre costume et s’habituer facilement à nos mœurs et à nos usages. Le Japon semble en un mot décidé à se mettre sur le pied de l’égalité avec les nations modernes. Aussi n’a-t-il garde d’oublier la marine. Il possède un certain nombre de navires à vapeur achetés jusqu’ici au commerce et transformés avec plus ou moins de succès en navires de combat, et le gouvernement du taïcoun est actuellement en pourparlers avec les États-Unis pour obtenir la cession de véritables bâtimens de guerre. Des mécaniciens japonais manœuvrent déjà les machines à vapeur ; d’autres en construisent, et un arsenal se crée à Yokoska. Les matelots ne manquent pas : la pêche et le cabotage les ont formés. Reste à instruire des officiers. Les écoles européennes ou américaines y pourvoiront sans doute.


III

A côté des objets qui sont surtout propres à faire connaître certains aspects de la civilisation chinoise ou japonaise, l’exposition en étale d’autres dont l’emploi s’est répandu bien au-delà des pays d’origine, et dont l’étude intéresse plus spécialement le commerce et l’industrie des nations étrangères. Tels sont en première ligne les thés et les soies que l’Europe demande aux marchés de la Chine comme à ceux du Japon. Les thés sont représentés aussi bien dans la vitrine où certains négociants français exposent des produits chinois que dans les vitrines japonaises du taïcoun et du prince de Satzouma. En Chine comme au Japon, ils constituent un des principaux articles de l’alimentation publique. Il n’est pas de maison à Yédo ou à Yokohama qui ne possède sa boîte de laque ou de simple bois avec les deux burettes de plomb ou d’étain renfermant le thé, et il n’est pas de Chinois, riche ou pauvre, qui ne consomme une quantité considérable de la boisson nationale. Du thé et du riz, c’est assez pour la masse d’un peuple dont la sobriété est proverbiale. Ce goût s’est introduit en Europe et en Amérique ;