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anglaises, se sont aussi introduits et se voient aujourd’hui recherchés, surtout dans les provinces du nord, où le coton ne suffit pas à préserver du froid, et où les fourrures, quoique abondantes, tendent à augmenter de prix.

Que notre commerce imite celui de l’Angleterre, l’inspectorat des douanes, où plusieurs français occupent des positions importantes, lui rend les mêmes services ? il a déjà le concours de la succursale du comptoir d’escompte qui fonctionne à Shang-haï ; il soutient aisément la concurrence anglaise, sur les marchés d’Europe, il peut également lutter en Chine. Les Anglais ont pris pour eux l’importation des cotonnades, et, bien que leurs produits soient parfois de qualité inférieure aux produits indigènes, ils sont, grâce au bon marché, entrés dans l’usage ; mais nos lainages, nos flanelles, que les soins hygiéniques rendent si précieuses dans les climats insalubres tels que celui de Shang-haï, nos couvertures de laines, si utiles dans les contrées froides, nos draps communs, peuvent être appréciés aussi. Puisque les Anglais livrent leurs cotonnades au-dessous du prix des similaires indigènes, nos soieries ne se vendraient-elles pas à meilleur compte que les soieries chinoises ? Il ne faut jamais perdre de vue que pour réussir il importe de n’offrir, en se contentant d’un mince bénéfice souvent répété, que des objets dont le prix soit en rapport avec le peu de richesse du pays. Avant de chercher à imposer les modes et les goûts français, il faut se plier aux usages nationaux.

Du reste l’infériorité du commerce français tient peut-être à certaines causes purement accidentelles et transitoires. Depuis 1860, il a dû réformer son outillage et travailler à se maintenir dans des conditions nouvelles sur les marchés de l’Europe. Aujourd’hui il est probablement en mesure de soutenir à armes égales toute concurrence étrangère, et il ne saurait, lui qui réclame si vivement aux chambres et ailleurs le droit d’opérer avec sécurité et liberté dans toutes les régions du globe, demeurer longtemps inactif dans un pays de négoce que le gouvernement a réussi à lui ouvrir, et où il est libre de déployer toutes ses ressources. Quelques Français se sont déjà établis au Japon ; mais les terrains cédés par le gouvernement chinois autour de certaines villes du littoral à la France comme à l’Angleterre et aux États-Unis sont encore, malgré toute sorte de privilèges et de franchises, trop vides de nos nationaux. Du reste les chiffres démontrent mieux que toute explication le peu d’activité de nos opérations en Chine. Dans le port de Shang-haï, port d’attache des Messageries impériales entre Saïgon et Yokohama, l’importation des marchandises françaises en 1864 n’atteint pas la valeur de 600,000 francs, tandis que l’importation directe de la Grande-Bretagne est de plus de 94 millions, et celle des Indes