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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 juillet 1867.

L’opinion publique, il y a quelques jours, paraissait prise d’humeur noire. Les excursions de souverains et de princes ne suffisaient plus à la distraire. Nos chambres faisaient entendre leurs derniers accens ; la session finissait, et M. de Persigny la couronnait au sénat par un nouveau et bizarre commentaire de la constitution de 1852. De toutes parts, les mauvais bruits se répandaient sourdement. Les récits du jugement et du supplice de l’archiduc Maximilien arrivaient tristement d’Amérique ; des journaux des États-Unis apportaient des prophéties pénibles sur les traitemens auxquels allaient être soumis, de la part des républicains vainqueurs notre agent diplomatique et nos nationaux établis au Mexique. Il y avait une alerte du côté de Berlin : la négociation relative au Slesvig en était le prétexte : le Danemark venait de répondre à l’interrogation chicanière que le cabinet de Berlin lui avait adressée touchant la garantie qu’il donnerait à la bonne administration des Allemands résidant au milieu du morceau du Slesvig qui, d’après l’article 5 du traité de Prague, devait lui être restitué par la Prusse. La France, disait-on, se mêlait à la conversation entamée à ce propos entre la Prusse et le Danemark. La presse prussienne se montrait irritée de ce frottement diplomatique, et la bourse de Berlin semblait s’en inquiéter. En Italie, on eût dit que les affaires allaient se gâter du côté de Rome. Le parti d’action faisait mine de vouloir répliquer par une protestation violente contre le pouvoir temporel aux démonstrations religieuses et sacerdotales dont Rome venait d’être le théâtre brillant et bruyant. L’agitation qui règne parmi les populations slaves de l’Autriche, en Roumanie, chez les chrétiens de Turquie, les lenteurs de l’insurrection Crétoise, étaient considérées comme un vague frémissement, symptôme avant-coureur des grandes explosions dans l’attente desquelles nous avons pris l’habitude de vivre.