Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 70.djvu/785

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riales ; la seconde, c’est que, par suite de cette erreur, on diminue trop les responsabilités ministérielles. On voit que M. de Persigny commence à comprendre le péril de la concentration des responsabilités sur le chef de l’état et les mauvais effets de l’irresponsabilité ministérielle, qui prive le pouvoir exécutif à la source même de son initiative du frein d’une résistance salutaire. M. de Persigny trouve que la constitution dans cette loi de la responsabilité est mal interprétée et mal appliquée. On le mènerait plus loin qu’il ne croit, si l’on pressait les conséquences naturelles de ses raisonnemens ; mais un tel débat nous paraît peu intéressant au point de vue théorique : ce qui est curieux et digne de remarque, c’est qu’un des auteurs de la constitution, un de ceux qui en suivent la mise en œuvre avec la vigilance la plus jalouse, reconnaît et proclame qu’il y a lieu de la comprendre et de l’appliquer en matière d’initiative et de responsabilité gouvernementale autrement qu’on ne l’a fait jusqu’à ce jour. La marche naturelle des choses et la force pratique des affaires produiront infailliblement avec le temps les changemens dont M. de Persigny entrevoit l’utilité. Quand un constitutionnel de ce zèle et de cette qualité est ému d’une telle préoccupation, comment s’expliquer et ne pas regretter que le cabinet actuel n’ait point résolu dans la dernière session les questions de la presse et du droit de réunion ? Si le programme annoncé par la lettre impériale du 19 janvier eût été réalisé, la vie politique intérieure de la France posséderait au moins à présent une partie des objets et les moyens d’action que les échecs de la politique extérieure lui ont rendus si nécessaires.

À mesure que les récits de la presse américaine nous font mieux connaître les dernières scènes du drame du Mexique, on est frappé davantage des suites funestes de l’indécision que notre politique a montrée au moment où l’évacuation de nos troupes était résolue et s’est accomplie. Parmi les mystères de l’entreprise mexicaine, celui qui règne encore sur les apprêts de notre évacuation est sans contredit le plus désolant. On dirait que les suites de la retraite de nos troupes n’ont point été prises en considération ou calculées. Lorsque, se voyant à la veille d’un conflit avec les États-Unis, on s’est décidé à cesser d’imposer à la France la charge de cette expédition, était-ce en vérité une solution que d’abandonner au hasard les affaires mexicaines sans y rien régler pour l’avenir des intérêts français ? N’a-t-on point compris que l’empire de Maximilien qu’on laissait derrière soi n’était qu’une illusion dénuée de toute chance de durée ? N’a-t-on point prévu que la ruine certaine et prochaine de cette fiction d’empire placerait les intérêts français au Mexique dans la situation la plus fausse et la plus dangereuse ? Au milieu de l’échec dont on prenait son parti, ne devait-on pas regarder ces questions en face : quel sera le sort des Français établis au Mexique ? C’est pour ces Français que l’expédition avait été entreprise ; est-il permis de les