qui se tient également debout, propose le nom du futur speaker. Si cette motion est appuyée, et si aucun autre candidat n’est présenté par quelque autre membre, la chambre appelle au fauteuil son nouveau président sans lui adresser de questions. Lui pourtant, toujours à sa place, témoigne en quelques mots combien il est sensible à l’honneur qu’on veut lui conférer, et déclare qu’il se met à la disposition de l’assemblée. La chambre une seconde fois l’appelle d’une voix unanime au fauteuil, tandis que deux amis (celui qui l’a proposé et celui qui l’a soutenu) viennent le chercher sur son banc et le conduisent vers les gradins d’une espèce de trône en chêne massif qui lui est réservé. Arrivé là, le speaker se tient debout sur la dernière marche, remercie de nouveau les représentans de la nation et prend enfin possession de son siège. La masse dorée (mace), ce vieil insigne de la puissance des communes, qui auparavant gisait à terre, est alors placée avec honneur sur une table où elle figurera désormais durant les séances avec les livres de la loi et le sablier. On se souvient que, quand Cromwell fit son coup d’état, il emporta avec lui ce hochet qu’il venait d’arracher aux mains du parlement dissous… Dieu merci, le hochet a survécu en Angleterre à l’épée du dictateur.
Le plus ancien speaker dont l’histoire ait conservé le souvenirs est sir Thomas Hungerford, qui présidait les communes en 1377, et depuis lors jusqu’à nos jours ces fonctionnaires électifs forment une sorte de dynastie[1]. Quoiqu’ils ne soient nullement nommés à vie, ils continuent presque tous d’occuper le fauteuil durant de longues années, et dans leur vieillesse ils sont d’ordinaire récompensés par un siège à la chambre des pairs. En France, le speaker est surtout célèbre pour sa longue perruque blanche et sa robe noire ; au lieu de s’arrêter à ces signes extérieurs, peut-être ferait-on mieux de l’observer dans l’exercice de ses fonctions. Pour quiconque a connu d’autres mœurs parlementaires, c’est vraiment un spectacle auguste que celui de cette noble, froide et calme figure ; impassible comme la raison, sévère comme la justice, qui, entre l’orateur et la chambre, décide toujours, non d’après ses opinions ou celles de l’assemblée, mais d’après les éternels principes du droit et le respect le plus profond envers la liberté de la parole. Son costume n’est d’ailleurs bizarre que parce qu’il est passé de mode. On peut aisément s’en convaincre pour peu que l’on jette les regards sur une gravure de 1741 représentant la chambre des communes telle qu’elle existait alors, — une grave réunion de vastes et
- ↑ Ceux qui seraient curieux de connaître cette série de noms honorables peuvent consulter The life of the Speakers, by James Alexanderes Manning. Le présent speaker de la chambre des communes est M. John Evelyn Denison.