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Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 71.djvu/1017

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d’une grande partie des restrictions que l’on jugerait nécessaire de conserver pour les autres navires.

Telles sont en résumé les difficultés qui menacent d’entraver le développement des paquebots : l’insuffisance des ports de commerce au point de vue de la profondeur, l’absence de phares sur certaines côtes, le maintien des taxes sur les navires et sur les chargemens de houille, le régime des quarantaines. La plupart de ces difficultés pourraient être levées au moyen de sacrifices d’argent et par l’entente qui s’établirait entre les différentes nations pour la suppression réciproque des droits de navigation et de douane. Toutes les compagnies, tous les gouvernemens, ont en cette matière le même intérêt. On a organisé des conférences internationales pour les postes et les télégraphes, pour les chemins de fer, pour les poids et mesures, pour les monnaies, et il en est sorti des résolutions utiles. Il est permis de croire qu’une conférence analogue pour les paquebots profiterait à ce grand service, qui réunit tous les caractères d’une institution internationale.

Quand notre souvenir se reporte vers les modestes steamers qui les premiers ont tenté le passage transatlantique et que nous comparons avec ces pionniers de la navigation à vapeur les immenses bâtimens qui sont répandus aujourd’hui sur toutes les mers, nous devons éprouver autant d’admiration que de gratitude pour les promoteurs de ce merveilleux progrès. Inclinons-nous d’abord devant la science qui a créé l’instrument, qui l’a perfectionné et qui semble avoir voulu, en produisant le Great-Eastern, nous montrer ce qu’elle réserve à la prochaine génération. Le génie naval, de concert avec le génie mécanique, a transformé l’ancien navire ; il l’a fait plus grand, plus sûr, plus commode ; il lui a donné des ailes qui l’emportent au besoin contre la brise et dont il règle à son gré les dociles battemens. Il n’est plus nécessaire d’avoir la poitrine bardée du triple airain pour s’aventurer sur l’océan. Tranquillement installé sur le moderne paquebot, l’homme peut visiter presque sans péril les plus lointaines régions de son domaine. Si la science mérite notre premier hommage, rendons justice également au génie industriel qui, adoptant sans hésitation le nouvel instrument, l’a approprié au service de la civilisation et du commerce ; sachons reconnaître la prévoyance des gouvernemens qui ont concouru directement à la formation des entreprises des paquebots, ainsi que l’habile conduite de ces entreprises, auxquelles nous devons l’escadre des navires rapides qui circulent incessamment entre les divers points du globe.

L’économie politique serait-elle fondée à critiquer l’organisation de ces grandes compagnies qui portent à ses yeux la tache originelle de l’intervention de l’état, de la subvention ? Nous ne