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Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 71.djvu/193

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qu’était rabaissé dans la théogonie le principe féminin personnifie à Thèbes dans la déesse Maut, à Sais dans la déesse Neilh, mère du soleil. Ce principe ne représentait que la nature purement inerte, que le milieu sans vie au sein duquel la génération s’était opérée. Aussi, pour emprunter le langage mystique des prêtres égyptiens, la mère génératrice des dieux était-elle une création du dieu Noum ou Chnouphis, individualisation du souffle divin qui anime la matière, du mens agitans molem, symbolisé par le bélier, car ce qui s’était produit pour le soleil se produisit aussi pour la Divinité, conçue d’une manière plus générale et plus élevée. Chacun de ses actes fut personnifié en un dieu séparé, en une nouvelle personne divine. Chnouphis est la divinité animant la matière et lui donnant la vie ; c’est le premier des démiurges. On voit par là que, d’après la doctrine qui prévalut en Égypte, la matière inerte, réceptacle de la vie, identifiée au principe femelle, était non co-éternelle à Dieu, mais née de son souffle comme nous le représente la Genèse. L’assimilation du cours du soleil à la génération se compliqua d’un symbolisme nouveau. L’hémisphère inférieur où descend l’astre après son coucher fut personnifié par la déesse Hathor. Celle-ci était conséquemment donnée comme la mère de Ra ; on admettait qu’elle avait porté dans son sein le père des êtres, et la vache lui fut donnée pour symbole. Les Grecs s’imaginèrent y reconnaître leur Aphrodite. Adoré comme sortant des flancs de cette vache divine, le soleil prenait le nom d’Horus ; on le figurait comme un enfant sortant d’une fleur de lotus. A son entrée dans le monde, il était reçu par cette même vache, déifiée alors sous le nom de Noub.

La navigation étant en Égypte le mode de transport habituel, car le Nil constituait la grande artère de communication, c’était sur une barque que l’on représentait dans sa course soit la triade solaire, soit le soleil de l’hémisphère inférieur, emblème de l’autre vie. Ce soleil infernal prenait plus spécialement le nom d’Osiris. On lui assignait pour compagnons et assesseurs les douze heures de la nuit, personnifiées en autant de dieux à la tête desquels on plaçait Horus, c’est-à-dire le soleil levant lui-même, et le mythe racontait que ce dieu perçait de son dard le serpent Apophis, ou Apap, personnification des vapeurs crépusculaires que l’astre naissant dissipe par ses feux, conception identique à celle qui suggéra aux Aryas l’idée du serpent Ahi, dont triomphe Indra.

Cette lutte contre les ténèbres d’Osiris ou d’Horus, son fils, qui n’en est que la reproduction, fut tout naturellement rapprochée de celle du bien et du mal par un symbolisme que l’on retrouve également dans l’Inde. De là une fable devenue fort populaire en Égypte et à laquelle font allusion une foule de monumens. Le mal fut personnifié par un dieu particulier, Set ou Sutekh, confondu