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Il reconnut que ces astéroïdes suivent exactement les mêmes routes que deux comètes qui ont été observées, l’une l’an dernier, l’autre en 1862. Une pareille coïncidence est trop significative pour être attribuée à des circonstances purement fortuites : on est presque forcé d’en conclure que les deux comètes font partie des essaims d’août et de novembre, qu’elles ne sont elles-mêmes que deux monstrueuses étoiles filantes.

Les pluies de météores qui sillonnent le ciel à ces deux époques de l’année semblent offrir une périodicité qui est surtout nettement caractérisée pour le phénomène de novembre. Tous les trente-trois ans, — trois fois par siècle, — les étoiles filantes se montrent en nombre extraordinaire pendant les nuits du 11 au 14 novembre. Cette recrudescence périodique a été bien constatée pour la première fois en 1799. Dans la nuit du 12 novembre 1799, des milliards d’étoiles filantes illuminèrent la voûte céleste. Depuis l’équateur jusqu’aux latitudes boréales, cette averse de feu fut observée pendant plus de quatre heures. A Cumana, Alexandre de Humboldt et Bonpland virent du côté de l’orient, sur une large bande du firmament, comme un feu d’artifice tiré à une immense hauteur ; de gros bolides dont le diamètre apparent surpassait quelquefois celui de la lune des étoiles filantes sans nombre qui toutes semblaient aller du nord au sud, traversaient successivement le ciel, qui était d’une grande pureté et sur lequel se montraient par endroits de longues traînées phosphorescentes. En 1832 et surtout en 1833, le phénomène de novembre se montra de nouveau dans toute sa splendeur. Dans la nuit du 12 au 13 novembre 1833, on vit en Amérique les météores rayonner comme des fusées d’un foyer unique pour se porter dans toutes les directions. Ils laissaient dans leur marche des traînées lumineuses qui parfois se repliaient comme des serpens ; le nombre en était si grand, qu’un observateur de Boston les comparera des flocons de neige. On a essayé de les compter, mais l’on y perdait sa peine. L’intervalle de trente-trois ou trente-quatre ans qui s’était écoulé entre les deux apparitions de 1799 et de 1832-33 semblait indiquer une périodicité bien prononcée ; on remonta dans le passé à l’aide des chroniques, et l’on découvrit des relations anciennes qui confirmaient la loi du retour régulier du phénomène. On pouvait en conséquence s’attendre à le revoir en 1866, et l’événement a donné raison à la théorie, car les météores ont été très nombreux et très brillans au mois de novembre dernier. Cependant, pour tout dire, les personnes qui ont vu la pluie d’étoiles de 1833 s’accordent à déclarer que celle de 1866 a été moins splendide ; on pense donc que nous n’avons eu que l’avant-goût de la grande apparition promise, et que dans trois mois nous verrons un spectacle bien autrement éblouissant.

La période du phénomène d’août est beaucoup moins accusée. En rapprochant d’anciennes relations consignées dans les chroniques, on trouve que les époques de plus grande fréquence des météores d’août sont