Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 71.djvu/452

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prendre leur, part de cette charge, qui devra porter sur les fouages auxquels sont soumis tous les habitans dont la condition roturière comporte l’application de la taille. Les états déférèrent au vœu du roi par une délibération laconique, en se réservant d’ailleurs une entière liberté pour la manière d’appliquer la contribution demandée. Dans le cours de cette session, ils nommèrent dix députes pour représenter la Bretagne aux prochains états-généraux convoqués à Blois ; elle fut terminée par une protestation des neuf évêques, des délégués des chapitres et des abbés de la province, formant l’ordre du clergé, contre l’application que le parlement et la cour des comptes de Paris prétendaient faire à la Bretagne du droit de régale, auquel, disent-ils, ce pays n’a été soumis dans aucun temps.

Quand l’ordre de l’église énonçait ses prétentions, il était difficile que la noblesse ne se sentît pas autorisée à l’imiter. Aussi les membres du second ordre protestent-ils énergiquement avant de se séparer contre un récent édit de Henri III qui, en appliquant pour les besoins de son trésor le système des anoblissemens achetés, atteint dans leur honneur tous les gentilshommes. Ils ont appris avec une douleur inexprimable, que « le seigneur roi a fait un édit portant création de quarante nobles, invention contraire au bien et aux privilèges du pays, et demandent qu’il plaise à sa majesté ordonner que cet édit n’aura lieu en Bretagne. »

De 1577 à 1582, les états semblent ne s’être pas réunis annuellement. Deux sessions eurent lieu à Vannes. Celle de 1577 fut surtout remarquable par la vivacité avec laquelle l’assemblée se prononça contre les innovations fiscales opérées par un gouvernement dissipateur. Malgré les engagemens pris aux premiers états de Blois, et qui furent consignés plus tard dans une ordonnance célèbre[1], Henri III, dès le début de son règne, avait cherché des moyens nouveaux « pour fouiller aux bourses des bourgeois, » comme disait, Sully, et chaque jour voyait s’abattre sur la France une nuée de nouveaux fonctionnaires, contraints de reprendre sur le public le prix toujours excessif de leurs charges inutiles. « Plaise à sa majesté, disent les états dans le cahier de remontrances remis à leurs députés en cour, supprimer les nouvelles érections faites en ce pays de la chambre des requêtes du palais, des officiers alternatifs et internuméraires de la chambre des comptes, enquesteurs, gardes-notes, arpenteurs et priseurs, procureurs postulans, greffiers des présentations, notaires, huissiers, cabaretiers, hôteliers, gourmets jurés et sergens extraordinaires, d’autant qu’il est entre bien plus de finances desdits offices ès-coffres du roi, et doivent les

  1. Ordonnance de Blois, du mois de mai 1579.